De retour à Téhéran, les négociateurs iraniens ont exprimé leur confiance dans l'application par tous de l'accord sur le nucléaire conclu avec les grandes puissances. L'accord a été salué par la presse iranienne et célébré dans les rues. "Nous allons prendre des mesures et elles (les grandes puissances) feront de même", a déclaré à la presse Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères et dirigeant de la délégation iranienne à Vienne, à son arrivée mercredi matin à Téhéran. "Cela interviendra dans quatre mois", a-t-il affirmé au sujet du début d'application du texte. Il met, selon lui, fin à "une crise fabriquée de toutes pièces". Presque unanimement salué par la presse iranienne toutes tendances confondues et célébré dans les rues de Téhéran, l'accord doit rendre quasiment impossible la possibilité pour l'Iran de fabriquer une bombe atomique. Mais il lui assure le droit de développer une filière nucléaire civile. En échange, l'Iran bénéficiera progressivement d'une levée des sanctions adoptées depuis 2006 par les Etats-Unis, l'Union européenne et l'ONU et qui brident l'économie iranienne. Les premières sanctions pourront être levées à partir du premier semestre 2016 si Téhéran respecte ses engagements. De nombreux Iraniens qui ont exprimé dans la nuit de mardi à mercredi leur joie en dansant et chantant dans les rues de Téhéran, ont aussi scandé le nom de Mohammad Javad Zarif. Un journal iranien l'a comparé à l'ancien Premier ministre Mohammad Mossadegh, considéré comme un héros pour avoir nationalisé en 1953 le secteur du pétrole iranien jusqu'alors dominé par les grandes puissances étrangères.
Fabius annonce sa visite Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a annoncé mercredi son intention de se rendre prochainement en visite en Iran, après la conclusion de l'accord historique entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire du pays. Il a indiqué avoir reçu mardi une nouvelle invitation de son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, à effectuer un tel déplacement. Il m'avait déjà invité mais je n'avais pas accepté cette invitation. Je lui ai dit que j'irai en Iran donc j'irai en Iran, a déclaré M. Fabius sur la radio française Europe 1. Il n'a pas précisé à quelle date il pourrait effectuer cette visite, qui pourrait être l'une des premières d'un haut responsable occidental à Téhéran dans la foulée de l'accord arraché mardi à Vienne pour mettre fin à douze années de tension autour du nucléaire iranien. Laurent Fabius a souligné les perspectives importantes qu'ouvre pour les entreprises françaises la réintégration attendue de l'Iran dans la communauté internationale grâce à cet accord, mais récusé que Paris l'ait soutenu pour des raisons prioritairement commerciales. Le commerce est très important, il permet la croissance. C'est très important pour les Iraniens, c'est très important pour nous, a reconnu le ministre français. Mais, a-t-il insisté, lorsque le président de la République (François Hollande) et moi-même avons pris notre décision stratégique (ndlr, de soutenir l'accord) (...), nous n'avons pas pris cette décision pour des raisons commerciales. Nous l'avons prise pour des raisons stratégiques, parce que nous voulions éviter la prolifération nucléaire et nous savions que si nous arrivions à un accord, mais un accord très solide, nous pouvions éviter cette prolifération, a-t-il défendu. Avec près de 80 millions d'habitants, le marché iranien présente un intérêt majeur pour les grandes entreprises françaises, comme les constructeurs automobiles PSA Peugeot Citroën et Renault, ou le géant pétrolier Total. Sous l'effet des sanctions visant la République islamique, la France a vu ses échanges commerciaux avec l'Iran chuter à 500 millions d'euros en 2013, un niveau huit fois inférieur à celui enregistré en 2004, d'après un rapport du Sénat français. Selon le Fonds monétaire international, la Chine et la Corée du Sud sont désormais les premiers fournisseurs de l'Iran, la France n'arrivant qu'en septième position, derrière l'Allemagne et l'Italie pour ce qui est des pays européens.
Obama veut convaincre du bien-fondé de l'accord Le président américain Barack Obama devait répondre hier aux questions de la presse sur l'accord nucléaire signé avec l'Iran, pour tenter de convaincre opinion publique et pays alliés du bien-fondé d'un pas historique déjà vigoureusement décrié par les républicains. Le président donnera à la Maison Blanche une conférence de presse au sujet de l'accord, également critiqué avec virulence par Israël, a indiqué mardi son porte-parole Josh Earnest. Barack Obama a salué dès le petit matin mardi la conclusion de l'accord lors d'une déclaration solennelle à la Maison Blanche, accompagné de son vice-président Joe Biden. Cet accord n'est pas fondé sur la confiance. Il est fondé sur les vérifications. Les inspecteurs auront un accès 24 heures sur 24 aux installations nucléaires iraniennes clés, a-t-il assuré. Le président de la Chambre des représentants américaine, le républicain John Boehner, l'a toutefois rapidement dénoncé, et nombre de ses collègues parlementaires ont promis de tout faire pour tenter de le bloquer. Le Congrès, contrôlé par les républicains, n'a pas à approuver l'accord mais il a le pouvoir d'en bloquer un élément central: la suspension des sanctions américaines, contrepartie des engagements iraniens. Barack Obama s'est déjà entretenu avec plusieurs parlementaires concernant l'accord, a ajouté Josh Earnest. La candidate démocrate à la Maison Blanche en 2016 Hillary Clinton a également été contactée. Le président américain tentait en parallèle de rassurer et de convaincre des dirigeants étrangers face à l'hostilité de certains. La Maison Blanche a ainsi annoncé que le ministre américain de la Défense Ashton Carter se rendrait en Israël la semaine prochaine alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé mardi une erreur historique, affirmant que son pays n'était pas lié par l'accord. Au cours d'une conversation téléphonique, Barack Obama lui a assuré que l'accord était dans l'intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis et d'Israël, selon la Maison Blanche. M. Obama s'est également entretenu avec le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, lui affirmant que les Etats-Unis sont toujours aussi engagés dans leur travail avec (leurs) partenaires du Golfe pour contrer les activités déstabilisantes de l'Iran dans la région. A l'issue d'intenses négociations, l'Iran et le groupe P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) ont conclu mardi un accord sur le programme nucléaire de Téhéran pour solder un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis douze ans.
Un projet de résolution à l'ONU Les Etats-Unis proposeront bientôt à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU une résolution entérinant l'accord nucléaire conclu mardi par l'Iran et les grandes puissances, a indiqué l'ambassadrice américaine Samantha Power. Les Etats-Unis soumettront un projet de résolution au Conseil dans les prochains jours au nom du P5+1 et de l'Union européenne, a déclaré Mme Power dans un communiqué. Cette résolution, a-t-elle expliqué, entérinera l'accord et prévoira d'autres mesures importantes, dont le remplacement de l'architecture actuelle de sanctions du Conseil de sécurité par les nouvelles restrictions contraignantes décidées à Vienne. Mme Power a dit vouloir travailler avec ses collègues du Conseil de sécurité pour assurer une adoption rapide de cette importante résolution. Un responsable américain s'exprimant sous couvert d'anonymat avait auparavant indiqué que le dépôt d'un tel texte se ferait probablement dès la semaine prochaine. Nous introduirons, probablement dès la semaine prochaine, une résolution soutenue par le P5 et nos collègues allemands, avait-il déclaré. Les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni) et l'Allemagne ont participé à la négociation de l'accord. Le projet de résolution a été lui aussi discuté au cours de cette négociation. L'Iran est actuellement sous le coup de quatre séries de sanctions de l'ONU contenues dans sept résolutions adoptées depuis 2006 pour réagir aux activités militaires et balistiques de Téhéran. L'ambassadeur néo-zélandais à l'ONU Gerard van Bohemen, dont le pays préside le Conseil en juillet, a précisé mardi à la presse qu'il n'avait pas encore de date pour un vote de la résolution. Je n'ai pas d'information officielle là-dessus pour le moment, a-t-il dit. Evidemment, le Conseil se tient prêt à agir dès que nous saurons quel est le plan, a-t-il ajouté. Selon l'une des annexes de l'accord conclu à Vienne, la résolution doit être soumise pour adoption au Conseil sans tarder après la conclusion de l'accord. La nouvelle résolution devra mettre fin aux dispositions contenues dans les sept résolutions précédentes mais il existe une possibilité de rétablissement des sanctions en cas de non-respect de l'accord par l'Iran, précise le texte.