Cette situation a pris, ces dernières années, un caractère récurrent. La pénurie de pain persiste à Alger-Centre, cinq jours après la fête de l'Aïd El Adha. Les citoyens ont toutes les peines du monde pour se procurer quelques baguettes. Certains se lèvent très tôt pour éviter les longues files d'attente. Hier, la seule boulangerie ouverte était prise d'assaut par la foule. La plupart d'entre eux attendaient leur tour sur le trottoir, sous le soleil. Les vendeurs anarchiques, eux, proposaient la baguette à 20 DA. Si la permanence de l'Aïd a été respectée à près de 100%, selon la direction du commerce, la quasi-totalité des boulangers ont fait le pont. Les responsables de la capitale ne semblent pas inquiétés outre mesure par cette situation anormale. Selon de nombreux citoyens, cette fois la situation est encore pire que les années précédentes. «J'ai passé plus de deux heures à attendre mon tour devant la boulangerie sise au marché Réda Houhou. Les vendeurs au noir ne sont pas là aujourd'hui. Peut-être qu'eux aussi ils ne trouvent pas où acheter», nous dira un père de famille. Les fermetures touchent aussi les restaurants, les fast-foods, les boucheries ainsi qu'une bonne partie des commerces de fruits et légumes. Certains commerçants n'ont pas hésité à mettre à profit cette situation. Le sandwich calentica, qui coûtait 40 DA, a été indûment augmenté à 50 DA. Une cliente qui a osé faire la remarque à son restaurateur a eu comme réponse des insultes, a-t-on constaté. Même les fruits ont connu une fulgurante hausse ces derniers jours. Les service de contrôle de la direction du commerce étaient tout bonnement absents. Cette situation pénalisante pour les habitants de la capitale touche également toutes les localités et communes de la banlieue, telles que Rouiba, Réghaïa, Heuraoua ou encore Sidi Moussa et Baraki. En plus du manque de pain pendant les deux jours de l'Aïd et les jours qui ont suivi, le lait en sachet était introuvable. «Les distributeurs de lait en sachet n'ont repris le travail qu'hier, ce qui a engendré une pénurie de lait en sachet, nous nous sommes rabattus sur le lait conditionné dans des boîtes en carton, qui coûte trois fois plus cher», confie un habitant de Heuraoua. «Il est plus au moins acceptable que des produits viennent à manqué lors d'occasions telles que l'Aïd. Cependant, il est inadmissible que le lait et le pain, qui sont deux produits alimentaires de large consommation, viennent à manquer sur le marché, quelles que soient les circonstances», soutient-il. La pénurie de lait en sachet a profité aux producteurs de lait conditionné dans des boîtes en carton, «cette pénurie est peut être voulue, dans le sens ou elle va ajouter de l'eau au moulin des producteurs de lait conditionné dans des boîtes en carton. A chaque fois qu'il y a pénurie de lait, la demande sur le lait conditionné dans les boîtes s'accroît fortement. La crise profite donc à certains producteurs qui, d'ailleurs, importent la matière première de l'étranger», déplore-t-il. Quelles que soient les causes de cette pénurie, ce sont les petites bourses qui en subissent les conséquences. Même si le lait en sachet est de moindre qualité par rapport à celui conditionné dans des boîtes en carton, il n'en demeure pas moins qu'il reste l'aliment de base de la plupart des familles aux revenus modestes.