Le président américain, Barack Obama, a énoncé, hier lors de son discours d'investiture, un certain nombre de thèmes sans jamais se montrer précis. Beaucoup attendaient qu'il s'exprime sur la récente actualité marquée par l'agression israélienne contre les Palestiniens de la bande de Ghaza, mais lui a préféré s'adresser au monde musulman dans son ensemble, persuadé certainement que la question palestinienne est devenue « la matrice des relations internationales ». Le tout nouveau président américain a proposé en effet au monde musulman « une nouvelle approche fondée, a-t-il souligné, sur l'intérêt et le respect mutuels ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Personne n'a cité Samuel Huntington et sa théorie du « choc des civilisations », mais y a-t-il une quelconque référence ? A priori, il ne s'agit pas de cela mais de choses plus terre à terre puisque les deux guerres dont hérite Barack Obama se déroulent dans des pays musulmans. En outre, il est de plus en plus question, depuis au moins 2001, de lutte contre l'islamisme même si, pour beaucoup, l'approche serait simplifiée et beaucoup plus courte si le monde ne rajoutait pas à la détresse des Palestiniens en refusant d'accéder à leur revendication de justice. A contrario, c'est cette injustice qui suscite le désespoir et la colère à travers le monde, y compris sur le territoire des Etats-Unis. On ne traite pas des centaines de millions d'êtres humains sans la moindre conséquence. C'est pourquoi le nouveau président américain semble vouloir aller à la rencontre d'un monde qui a donné les preuves de sa volonté d'aider à faire la paix. C'est, à ce propos, le plan arabe de paix rejeté par Israël ou encore les résolutions de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) appelant toutes à la satisfaction des droits nationaux du peuple palestinien. Et cela sur la base des résolutions des Nations unies. Dans un concert de vœux et de gestes qui se veulent aussi des marques d'amitié, il lui a été tout simplement demandé d'inverser l'ordre des priorités qu'il a énoncées et qu'il mette en tête de son ordre du jour l'enclenchement d'une négociation palestino-israélienne plutôt que le renforcement des troupes de l'Otan en Afghanistan. Ce conflit est devenu « la matrice des relations internationales », reconnaît-on de plus en plus et à juste titre d'ailleurs. Obama se garde d'y répondre directement. Mais ses conseillers n'ont pas attendu pour donner les contours des premières décisions. M. Obama tiendra ses promesses, ont-ils assuré. Le nouveau Président devrait ainsi se prononcer rapidement sur l'interminable conflit du Proche-Orient. « Les événements mondiaux exigent qu'il agisse rapidement et je pense que vous allez le voir agir rapidement », a déclaré le principal conseiller du président, David Axelrod. Reste maintenant à savoir ce que contient cette nouvelle approche. On se rappelle que son prédécesseur avait lancé son fameux Grand Moyen-Orient (GMO) sans jamais prendre en charge la question palestinienne. Ou, pis encore, en soutenant Israël à travers ce qu'il appelait son droit à la légitime défense, alors même qu'il y avait occupation des territoires palestiniens. Pour un discours d'investiture, on ne pouvait attendre plus que de simples déclarations d'intention. Et il est vrai que celles que Barack Obama vient d'énoncer demeurent vagues et imprécises. Au plus fort de l'agression israélienne, il avait fixé rendez-vous à l'opinion internationale pour l'après-20 janvier. Ses plus proches conseillers confirment ce rendez-vous. Mais en attendant de nombreuses voix, au sein des alliés des Etats-Unis, ont demandé au nouveau président des Etats-Unis de revoir l'ordre des priorités qu'il a établi. Et certaines recommandations sont accompagnées d'analyses jugées pertinentes. Un argumentaire, en quelque sorte.