Dans cet entretien, M. Meziane revient sur les projets pétrochimiques qui ont déjà démarré, sur le programme à l'international sur lequel Sonatrach est déjà engagée dans plusieurs pays pour augmenter ses réserves : Egypte, Libye, Niger, Mali, Mauritanie, Pérou… Il fait aussi le point sur la création des sociétés de commercialisation de gaz en Europe qui vont permettre à la société d'aller jusqu'au client final pour capter une partie de la rente. La production de gaz naturel sera suffisante pour répondre à la demande nationale en priorité et satisfaire aussi les engagements pris avec les clients internationaux, affirme le premier responsable de la société. Les investissements programmés vont-ils connaître un changement à la faveur de la baisse des prix du pétrole ? Il faut rappeler que nous travaillons sur la base de plans à moyen terme, sur un programme quinquennal. La crise a commencé à apparaître à partir du mois de juillet 2008, au moment où les prix ont commencé à dégringoler. On avait atteint le prix de 147 dollars et nous sommes à moins de 40 dollars. Pendant cette période de crise et de baisse, nous avons travaillé sur la base du plan 2009-2013 et le programme était arrêté. Les projets inscrits dans notre programme ont été analysés, maturés et complétés sur la base de ces éléments, en tenant compte de la conjoncture de l'environnement international. Ce sont des projets qui entrent dans le cadre des objectifs de l'entreprise en matière de développement des capacités et de réponse aux objectifs de valorisation de notre production. Le choix des projets est bien maturé. Quand on parle de développement de gisements ou d'un gazoduc, il est clair que cela répond à un objectif bien déterminé. Le plan à moyen terme 2009-2013 va couvrir à peu près un montant de 63 milliards de dollars. Le choix des projets est fait et la décision de les réaliser est prise. L'autre élément, c'est qu'on pourrait s'attendre à une baisse des prix EPC (Engineering, Procurement and Construction) des réalisations. Si la situation persiste, l'impact sur les biens d'équipements, sur les services pourrait avoir lieu sur les prix. Dans ce cas-là, les prix baisseraient. Nous avons assez étudié et maturé nos projets pour dire que nous réaliserons, on l'espère, le programme qui a été arrêté. Donc, il n'y a pas de projet qui risque d'être remis en cause en raison de la baisse des prix du pétrole... Je nuance. Les projets inscrits et maturés. Pour les projets en cours de maturation, cela va demander du temps, un à deux ans s'ils sont en cours d'étude ; mais tout ce qui est engagé se réalisera. Quels sont les projets du programme pétrochimique qui ne sont pas remis en cause ? On a déjà les projets qui sont engagés : l'ammoniac et les engrais avec Bahwan et avec Orascom, le projet de cracking d'éthane avec Total et le complexe de méthanol avec le consortium international Almet. On a les projets pour lesquels on n'a pas eu de choix : le cracking du fuel, le cracking du naphte mais qui sont toujours en appel d'offres. Donc on ne les pas retirés. La déshydrogénation du propane, le polypropylène et la raffinerie de Tiaret sont en cours de maturation. Les investissements à l'international sont-ils remis en cause ? Pas du tout. Nous sommes engagés à l'international pour l'exploration et le développement. Ce sont des engagements. Donc nous continuons. En Libye, nous avons réalisé le forage qui s'est terminé vers le mois de septembre. On est sur le deuxième forage, à près de 700, 800 mètres de forage... il est en cours. Nous avons entamé, sur le deuxième bloc 95-96, les études géologiques qui étaient prévues. En Egypte, on continue notre programme. En Tunisie, à travers Numhyd, nous continuons. Au Mali, on a fait des opérations de sismique. Au Niger, l'équipe sismique est sur place, on va entamer nos travaux. En Mauritanie, c'est la même chose, que cela soit en partenariat avec Total ou sur les blocs Sonatrach. Au Pérou, le développement continue. La création et la mise en place de sociétés de commercialisation de gaz ont commencé... en Espagne et en Italie aussi. En Grande-Bretagne, la société fonctionne. En France, j'espère qu'on verra cette année la création de la société de commercialisation. La Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) a publié récemment les chiffres sur la demande nationale en gaz naturel, qui pourrait doubler à l'horizon 2017. La production nationale pourra-t-elle suivre cette demande et assurer les exportations ? C'est un élément de planification des besoins du marché national à long terme. Sonatrach est tenue de satisfaire les besoins nationaux en priorité. Les différentes lois l'énoncent. Notre programme d'exploration et de développement est conçu pour veiller à l'adéquation entre l'offre et la demande. Il consiste à découvrir et à augmenter les réserves et assurer l'adéquation. Nous satisferons cette demande et l'objectif que nous nous sommes fixé en matière d'exportation de gaz avec 85 milliards de mètres cubes à l'horizon 2012. Beaucoup de gens se posent la question de savoir si les gisements actuels pourront répondre à la demande ? Il y a le gisement de Gassi Touil qui va entrer en production en 2012 (avec 6 milliards de mètres cubes par an). Le Sud-Ouest est pour bientôt. On a le développement de la zone du Sud-Ouest qui sera au rendez-vous en 2012-2013. Il y a trois gisements qui sont maturés et sur lesquels on va se lancer : Timimoun avec Total, Touat avec GDF-Suez, Reggane avec Repsol. Cela va nous donner 8 à 9 milliards de mètres cubes. Il y a la découverte avec StatoilHydro. Il y a aussi les gisements de Sonatrach. Il y a le projet de l'Ahnet. Il y a le gaz profond sur lequel on est en train de travailler. On a des forages en cours pour déterminer les ressources et les réserves. Cela demande des technologies. Il y a les 4 blocs qui viennent d'être attribués... qui viendront après... Nous pensons qu'en 2012, il y aura les nouveaux développements. Il y a aussi Hassi R'mel, la réinjection... Sonatrach a retiré le projet de l'Ahnet de l'appel à la concurrence, va- t-elle le développer sous une autre forme ? Nous avons retiré l'Ahnet parce que les soumissions ou les propositions que nous avons eues n'étaient pas intéressantes. Nous allons voir... Il est possible que nous le développions seuls... Les recettes pour 2008, malgré la baisse des prix durant le deuxième semestre, ont été quand même importantes... Le chiffre d'affaires à l'exportation pour 2008 est supérieur à 77 milliards de dollars. 77 milliards de dollars et quelques... on n'a pas encore le compte final. C'est un record. On avait annoncé précédemment environ 80 milliards de dollars, on s'attendait à environ 80,82 en fonction des prix bien sûr, mais ils ont chuté drastiquement. Cependant, c'est une performance quand même. En matière de production, nous avons réalisé globalement la même chose qu'en 2007. On se maintient aux alentours de 232 millions de tonnes en équivalent pétrole. On a fait 16 découvertes en 2008 qui ont été déclarées. Il va y en avoir d'autres. Elles seront comptabilisées pour 2009, car il y a une procédure de validation avec Alnaft. Les 16 découvertes sont une bonne performance. Ce sont des découvertes d'huile, de gaz à condensat dans les régions d'In Aménas, Berkine, Oued Mya, dans le Sud-Ouest. Cela nous donne une prospectivité très intéressante pour le futur en matière de gaz. Que peut-on dire du bilan de l'année 2008 ? C'est un bilan positif. Sur le plan des recettes, du chiffre d'affaires, c'est une performance. Sur le plan de la production physique, on a réalisé nos objectifs de production. En matière de réalisation des investissements et des projets, on n'a pas atteint à 100% en matière de valeur, mais on s'est nettement amélioré en matière de performance de réalisation des projets. On est aux alentours de 80%. En matière de montants aussi, parce que ce sont des montants très importants. Les projets structurants que nous menons avancent. Pour la consolidation comptable, la trésorerie du groupe, le système de rénovation et en matière de formation aussi nous avons réalisé des performances. Pour 2009, c'est un objectif très ambitieux en matière de coût et du nombre de types de formation. Pour la consolidation de notre système de formation, on a crée une holding formation. On a filialisé le centre de perfectionnement de l'entreprise, cela va nous donner une force de frappe plus importante. En matière de formation, nous avons réalisé et nous réaliserons plus de 80% de la formation par nos propres moyens au niveau de nos propres instituts, IAP, Naftogaz, CPE. Nous allons intégrer les unités de formation au niveau des unités de production. En matière de fiscalité, pour l'année 2007 c'était plus de 2700 milliards de dinars, pour l'année 2008 on a payé aux alentours de 3700 milliards de dinars de fiscalité, de redevance à l'Etat. C'est une performance également. En plus des projets pétrochimiques, il y a celui de l'aluminium, où en est-on ? Y a-t-il eu une décision finale ? Il est en cours de maturation et de discussion. Il n'y a pas eu de décision finale encore. On n'a pas terminé les études. De plus, il fallait rectifier le système 51-49% avec l'augmentation de la participation de Sonatrach. On est en train de travailler sérieusement, les gens sont mobilisés. On est mobilisés dans les études. C'est un projet dont le coût est important, ce n'est pas 3 milliards de dollars, c'est bien plus... avec la jetée, le port, la centrale électrique de 2200 MW, l'usine elle-même. Comment va se faire la réduction de la production décidée par l'OPEP ? Tous les gisements sont concernés, y compris les gisements en association. 1er janvier, 1er février. 100 000 barils par jour en janvier et 200 000 barils par jour en février. Il y a eu la première réduction de 70 000 b/j en novembre et là, on va boucler à 100 000 b/j à partir du 1er janvier. On a déjà commencé à partir du 1er janvier. A partir du 1er février, on sera à 200 000 b/j.