Une délégation de l'Association internationale de la presse sportive (AIPS), emmenée par son président Gianni Merlo et son secrétaire général Jura Ozmec, s'est rendue il y a quelques jours à Pyongyang à l'invitation des autorités nord-coréennes. L'objectif de cette présence était de s'entretenir avec les représentants officiels de ce pays fermé au reste du monde au sujet du retour d'une organisation locale de journalistes sportifs dans le giron de l'AIPS (150 pays membres) après de nombreuses années d'absence. L'amorce de cette démarche assez «diplomatique» a été rendue possible au cours des JO d'hiver de Peyongcheang (Corée du Sud) au début de cette année, lorsque des représentants du Comité olympique nord-coréen ont contacté et eu des entretiens avec Giani Merlo au sujet d'une réintégration de représentants de la presse sportive nord-coréenne au sein de l'AIPS. A Pyongyang, et après s'être entretenus avec les autorités sportives, les membres de la délégation de l'instance mondiale ont rencontré des journalistes sportifs nord-coréens… sous le froid glacial d'une patinoire du complexe sportif. M. Merlo a expliqué les objectifs de l'organisation qu'il préside et les mécanismes qui régissent ses activités. Il a déclaré que l'AIPS était devenue une grande famille et que ses membres aimeraient voir la Corée du Nord l'intégrer. Les journalistes nord-coréens continuent de travailler avec les moyens archaïques de l'ancien temps dans un pays où ils ne disposent ni d'internet, ni de connexion wifi, ni de téléphones portables, ni de fax et encore moins de caméras. C'est un peu pour ça qu'ils ont été curieux de tout. Des droits de télévision, des systèmes d'accréditation dans le monde, des formes de solidarité, des mécanismes d'aide de l'AIPS au programme de formation «young reporter», les journalistes sportifs de ce pays avaient à cœur de s'informer de ce qui se passait au-delà de leurs frontières et surtout à tout ce qui touchait aux nouvelles technologies de l'information dont il ne se sont jamais imprégnés. Un premier pas a été franchi lors de cette visite de la délégation de l'AIPS, mais au vu de la complexité des relations que le gouvernement nord-coréen entretient avec les entités étrangères et surtout à la difficulté insurmontable de déplacement de ses ressortissants vers des pays tiers, ce n'était qu'une étape «qui en appellera certainement d'autres». Les autorités locales ont promis d'étudier la possibilité de création d'une association de journalistes sportifs nord-coréens en lui définissant des objectifs et un statut, mais le scepticisme est de rigueur du fait même de l'autoritarisme de ce régime qui ne tolère la création d'aucune organisation non gouvernementale. D'ailleurs, les seuls instruments médiatiques mis à la disposition de la population sont une télé sportive et un journal papier de la même spécialité de quatre pages qui paraît tous les deux jours. Vous conviendrez que sans wifi, sans internet, sans opérateur de téléphonie mobile, sans caméras autorisées lors des manifestations sportives, le pays ne donne pas encore de signes tangibles d'ouverture et de détente. Sauf que depuis les JO d'hiver où une délégation commune coréenne a été admise dans certaines épreuves, les autorités du pays le plus fermé du monde ont apparemment pris goût au brassage des populations du monde entier et à l'intérêt qu'une telle compétition majeure peut générer comme dividendes politiques. C'est pour cela qu'ils lorgnent sérieusement vers une candidature commune des deux Corées aux Jeux olympiques de 2032.