Paradoxe à Témouchent, comparativement à nombre d'autres wilayas, la question de l'irrigation par les eaux usées ne se pose même pas pour les pouvoirs publics, leur souci étant d'encourager l'exploitation des eaux épurées. En mai dernier, un conseil de wilaya, réunissant l'exécutif et les P/APC, s'est tenu autour de l'utilisation des eaux épurées pour divers usages par les communes et les administrations, les forêts et les pompiers (lutte contre les incendies, lavage des placettes et voieries en milieu urbain, arrosage des parcs et jardins publics, nettoyage des engins et bennes des collectes d'ordures), une avantageuse utilisation à la place de l'eau du robinet. Ces eaux sont disponibles gratuitement et en quantité auprès de trois stations d'épuration (STEP) et six stations de lagunage, alors que celles de l'AEP sont onéreuses pour les communes (6 DA le m3) et davantage encore pour le soutien accordé par l'état au dessalement de l'eau de mer (100 DA le m3), Témouchent étant essentiellement dépendante du dessalement. Quelles suites ont été données à la réunion du conseil de wilaya ? A l'heure actuelle, l'utilisation des eaux non conventionnelles sert à l'arrosage des pépinières attenantes aux STEP de Bouzedjar et Aïn Tolba, ainsi que des espaces verts de la ville de Témouchent à partir de sa STEP et quelque 135 ha de terres agricoles à sa périphérie. Or, cette station du chef-lieu de wilaya traite 13 000 m3 d'eaux usées/jour, soit de quoi irriguer 500 ha ! Elle réalisera un volume plus important lorsque les eaux usées de la commune voisine de Sidi Ben Adda s'y déverseront une fois leur transfert assuré grâce aux travaux d'adduction en cours d'achèvement. Par ailleurs, les boues que produit cette STEP sont très demandées comme fertilisant par les agriculteurs. L'Office national de l'assainissement (ONA), qui la gère, accorde aux exploitants agricoles la possibilité de procéder aux enlèvements même le vendredi, l'idée étant de tisser des liens de partenariat pour d'autres perspectives. En outre, et au lieu que les eaux épurées continuent inutilement à être déversées dans l'oued, une proposition a été faite par la direction de l'hydraulique à son ministère de réaliser un périmètre irrigué. C'est l'Office national de l'irrigation et du drainage (ONID) qui en sera le maître d'ouvrage. Le ministère répondra-t-il favorablement à l'issue des prochains arbitrages budgétaires de façon que l'épuration des eaux usées ne se réduise pas qu'à un moyen d'améliorer la qualité des milieux récepteurs, notamment les oueds et les embouchures en mer, ainsi que les nappes phréatiques ? Il y a lieu de le souhaiter pour une wilaya semi-aride où l'irrigation est insignifiante. Enfin, au cours de nos pérégrinations entre la DSA, la DRE et l'ONA, on apprend que la réalisation de la future STEP de Béni-Saf a dépassé le stade de la publication des appels d'offres et que l'ouverture des plis des offres ne saurait tarder. La côte béni-safienne en a grand besoin, polluée qu'elle est par les eaux usées de la 2e cité en importance de la wilaya. La gestion du dossier est confiée à l'ONA que le ministère de l'Hydraulique a désigné comme maître d'ouvrage après le dégel du projet.