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« Nos projets en Algérie ne seront pas affectés par la crise »
Docteur Camille Nassar. Président exécutif de EIIC Algérie (Emirates International Investment Company)
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2009

Vous avez déposé un dossier auprès de la Banque d'Algérie pour l'ouverture d'une banque EIIC en Algérie. Est-ce le moment opportun, sachant que la crise financière fait trembler actuellement les institutions financières les plus solides ?
Nous avons déjà des participations dans plusieurs banques en Egypte et aux Emirats arabes unis (EAU). Cela dit, le marché algérien ne nous fait pas peur, encore moins la crise financière internationale. Nous voudrions préciser aussi qu'à aucun moment EIIC n'a prévu de se retirer du marché algérien. L'engagement et la détermination de EIIC à poursuivre ses activités d'investissement en Algérie sont fermes, solides et ne souffrent aucune incertitude. L'Algérie est d'abord un pays frère que des liens culturels, historiques et affectifs unissent aux EAU. Il est donc clair que nous n'allons jamais renoncer à notre présence en Algérie en dépit des difficultés et des crises qui ne sont pas propres à l'Algérie. C'est dans des moments pareils que l'Algérie reconnaîtra ses vrais partenaires. Il faut admettre que, dans le même sillage, l'Algérie offre un grand nombre d'opportunités aussi bien dans le domaine de l'industrie que du tourisme, de l'immobilier, de la finance ou du commerce. De plus, sa situation géographique centrale en fait une destination de choix pour ceux qui veulent faire rayonner leurs activités dans toute l'Afrique du Nord et le bassin méditerranéen.
Pour revenir à votre projet qui consiste à ouvrir une banque en Algérie, cette institution sera-t-elle destinée, en fin de compte, à subvenir aux besoins financiers du groupe EIIC en Algérie ?
Je peux affirmer que nos projets en Algérie ne seront pas affectés par la crise financière internationale et la banque que nous voudrions créer n'est aucunement destinée à financer nos projets. Nous sommes conscients, d'abord, que la loi algérienne en vigueur ne permet pas ce genre de financements. Ensuite, le principe professionnel arrêté est très simple : il s'agit de se consacrer entièrement à des transactions commerciales, ce qui est la vocation initiale de toute banque. Nous avons déposé le dossier de notre projet auprès de la Banque d'Algérie il y a un an, et nous attendons l'aval de cette institution pour ouvrir notre banque. Son capital est évalué à 10 milliards de dinars, injectés exclusivement par EIIC. Nous allons devoir, néanmoins, nous conformer aux nouvelles dispositions édictées par la Banque d'Algérie et qui concernent l'augmentation du capital des banques, succursales de banques et établissements financiers activant en Algérie. Le second projet auquel nous tenons énormément consiste à mettre sur pied un grand complexe d'aluminium et de fer à l'ouest du pays. Il faut préciser encore que le choix des investissements de EIIC en Algérie répond à la vision de la société mère de lancer des projets complémentaires répondant aux besoins des citoyens. Mieux encore, nous nous sommes lancés dans des projets exclusivement hors hydrocarbures et nous tenons à considérer nos investissements comme étant complémentaires au secteur des hydrocarbures. En outre, en parlant de projets algériens, vous avez eu l'occasion de constater que l'écrasante majorité des employés EIIC en Algérie sont Algériens, impliquant aussi des opérateurs algériens. Pour le parc Dounya, à lui seul, nous comptons mobiliser environ 25 000 employés qui seront au fur et à mesure recyclés et initiés aux nouvelles technologies de travail.
Les nouvelles lois sur la concession sont-elles de nature à freiner vos projets en Algérie ?
Pour l'heure, EIIC ne rencontre aucune difficulté majeure et les retards sont dus à des procédures administratives complexes qui sont loin d'être spécifiques à l'Algérie. EIIC les respecte (les procédures) et attendra le temps nécessaire pour leur règlement. Concernant la question du foncier liée au projet du parc Dounya, EIIC n'a aucun pouvoir ni aucune prise. Cela relève entièrement de la souveraineté de l'Etat algérien et de ses instances administratives et juridiques. Nous savons que cette question avance bien et qu'elle sera bientôt réglée. Le gouvernement algérien nous a promis de prendre le dossier en charge et de régler au plus vite cette affaire. Concernant la concession, comme nous venons de le préciser, nous considérons que cette question relève d'abord d'un débat interne du gouvernement qui tend à asseoir une meilleure stratégie capable d'encourager et de propulser l'investissement en Algérie. Il s'agit aussi de confectionner une politique en mesure de permettre aux investisseurs privés algériens d'acquérir des terrains pour créer un capital national compétitif. En ce qui concerne les projets d'EIIC, ces lois ne nous bloquent pas, pour l'heure, puisque nous venons d'acquérir des terrains pour la mise sur pied de notre usine de câbles à Bouira (Cablates Algérie). Nous nous apprêtons d'ailleurs à implanter les chantiers.
Vous comptez présenter l'ensemble de vos projets au président Bouteflika et au Premier ministre Ahmed Ouyahia... S'agit-il d'une simple procédure anticipant le démarrage de vos projets en Algérie ?
Nous voulons d'abord confirmer notre présence en Algérie en cette période de crise mondiale. Comme nous l'avons bien précisé au départ, nous n'allons jamais renoncer à notre engagement en Algérie et nos futurs projets témoigneront de cette promesse. Notre présence en Algérie date déjà de trois ans. Nous respectons les délais que se donne le gouvernement algérien afin de régler toutes les questions en suspens. Il ne s'agit donc nullement de retards car nous prenons, pour notre part, le temps nécessaire pour sélectionner les meilleurs bureaux d'études et les entreprises de réalisation qui assumeront la lourde tâche de concrétiser nos projets. Pour information, nous avons déjà sélectionné trois bureaux d'études et nous allons lancer prochainement l'appel d'offres qui concernera les entreprises de réalisation.
Vous aurez éventuellement à faire face, à l'avenir, à des concurrents de taille, à l'image du Groupe Dahli, concepteur du grand projet de la future Alger Médina. Etes-vous suffisamment préparés pour la concurrence ?
En ce qui concerne la concurrence, le marché algérien est relativement vierge, si l'on tient compte des opportunités qu'offrent les programmes de réaménagement du territoire, de l'immobilier, de l'infrastructure de base, de l'industrie, de l'agriculture, etc. Il y a de la place pour tout le monde, du travail et de sérieuses opportunités pour de nombreux opérateurs et investisseurs. A ce propos, nous n'avons qu'à rendre un hommage particulier aux hommes d'affaires algériens, notamment M. Rebrab et M. Rahim, que nous qualifions de bons visionnaires.


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