Le ministère de l'Immigration a changé de titulaire avec l'arrivée d'Eric Besson, transfuge de la gauche, au profil différent de son prédécesseur Brice Hortefeux. Dans sa vie précédente, l'homme qui a transgressé les lignes politiques de sa famille politique d'origine avait, lors de la campagne présidentielle, largement critiqué la politique d'immigration prônée par Sarkozy dont il devient aujourd'hui le bras armé en ce domaine. Que va-t-il donc faire à ce poste ? Ce n'est peut-être pas un hasard si l'association SOS racisme lance maintenant une campagne sur le thème « 30 000 expulsions, c'est la honte », pour poser quelques bonnes questions. Cette pétition demande au gouvernement français de renoncer à cette politique du chiffre, estimant que ces fondements sont « profondément contraires à l'idée que nous nous faisons de la dignité humaine et mettent en péril l'idéal de fraternité indissociable de la promesse républicaine ». Les signataires jugent qu'il n'y a pas à être fier de ces annonces victorieuses de renvoi d'étrangers, alors qu'il n'y a pas de quoi s'enorgueillir, car « les personnes en situation irrégulière ne sauraient être ramenées, dans une logique populiste, à la catégorie administrative des gens à expulser ». Derrière chaque cas, précise SOS racisme, il y a des hommes et des femmes, avec des vécus, des sentiments, des être humains et non pas des chiffres. Par ailleurs, le texte conteste « cette pensée qui consisterait à laisser croire que frapper les ‘'sans-papiers'' permettrait de mieux intégrer les étrangers en situation régulière », ajoutant que sur le plan des libertés, « le durcissement du discours envers les ‘'sans-papiers,'' s'est accompagné d'un durcissement de la législation envers les étrangers en situation régulière ». Enfin, dans le contexte de crise économique, l'étranger – incarnation physique de la mondialisation – fait sans doute figure de bouc émissaire idéal. Mais qui peut croire que retirer des droits aux étrangers, qu'ils soient ou non en situation régulière, entraînerait un mieux-être pour les Français ? Parmi les signataires, les premières secrétaires nationales du PCF Marie-Georges Buffet et du PS, Martine Aubry, mais aussi les noms d'Isabelle Adjani, comédienne, Sabiha Ahmine, conseillère régionale de Rhône-Alpes, ancienne présidente du Centre d'histoire de la résistance et de la déportation - Lyon, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, Josiane Balasko, comédienne, Farida Boudaoud, secrétaire nationale au mouvement associatif et à l'économie solidaire et sociale – PS, Marek Halter, écrivain, Jack Lang, député du Pas-de-Calais, ancien ministre, Tristan Mendès France, blogueur - chroniqueur, ou encore Smaïn, humoriste ...