Le secrétaire américain de la Défense, Jim Mattis, était en visite hier à Skopje pour soutenir le «oui» au référendum qui se tiendra le 30 septembre sur le changement du nom de la Macédoine. Le nouveau nom de cette République est la «Macédoine du Nord», comme l'indique l'accord signé en juillet avec la Grèce. S'il est adopté, le pays peut aspirer à l'intégration de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) et à entamer des négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE). Dans cet esprit, le secrétaire américain de la Défense compte aussi contrer ce qu'il appelle une «campagne d'influence» russe contre ce vote. Depuis l'indépendance de cette ex-République yougoslave en 1991, la Grèce s'oppose à ce qu'elle garde le nom de Macédoine, qui est aussi celui de sa province septentrionale. Elle y voit une usurpation de son héritage historique, notamment celui du roi Alexandre Le Grand, et soupçonne son voisin de visées expansionnistes. En raison du veto d'Athènes, le processus d'adhésion à l'Otan et l'UE de ce pays balkanique est bloqué. Approuver le changement de nom est «très important (…) pour ceux dont la vie peut être changée par des opportunités économiques et de sécurité au sein (…) de 30 nations démocratiques», a déclaré J. Mattis avant son arrivée en Macédoine. Comme il a dénoncé «la campagne d'influence russe» dans cette ancienne petite République yougoslave, où Moscou tente, selon lui, de tromper les électeurs. Entre fin juillet et début août 2017, le vice-président américain, Mike Pence, s'est rendu en Estonie, en Géorgie et au Monténégro, qui a intégré l'Otan en juin de la même année. L'objectif de ce périple est de rassurer les alliés de Washington en Europe de l'Est face à la «pression russe». A Podgorica, capitale du Monténégro, il a déclaré que l'avenir des Balkans occidentaux est «à l'Ouest», réaffirmant le soutien américain aux alliés des Etats-Unis dans la région, inquiets de l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et de son appui à un mouvement séparatiste en Ukraine. à la recherche de zones d'influence Moscou active pour la reconnaissance d'une «zone d'influence» russe dans son voisinage, comprenant non seulement l'Ukraine et la Géorgie, mais aussi les pays baltes, à savoir l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, les Balkans (Serbie, Kosovo, Monténégro et République serbe de Bosnie) et une partie de l'Europe centrale. Hostile au processus d'élargissement de l'Otan et de l'UE à ces pays, elle souhaite aussi le gel du projet américain de défense antimissile et du renforcement de la présence militaire de l'Alliance à l'est de l'Europe. Et la réorientation de la politique étrangère de Kiev vers l'Ouest signifie pour son voisin russe l'élargissement de l'UE et de l'Otan jusqu'à ses frontières et son encerclement, d'autant que ses anciens satellites, comme les pays baltes, la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie, ont intégré l'Union et l'Alliance. La Géorgie en 2003, l'Ukraine et le Kirghizistan respectivement en 2004 et 2005 ont connu des «révolutions colorées» soutenues par l'Occident. Les Républiques autonomes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud ont refusé, en 1991, de voir leur destin lié à la Géorgie, et mené une lutte armée pour leur indépendance. Le conflit de 2008, marqué par la volonté de Tbilissi de reconquérir l'Ossétie du Sud, a provoqué l'intervention militaire russe et l'indépendance de cette région. Dans les années 1990, la Russie avait assisté inerte au démembrement de l'ex-Yougoslavie, l'extension de l'Otan vers l'Est et l'émergence d'Etats pro-occidentaux : Macédoine, Bosnie, Croatie, Monténégro, Kosovo. Entre 1999 et 2007, l'Otan avait appuyé le pouvoir sécessionniste albanophone du Kosovo. L'Occident estime «conforme au droit international» sa sécession de la Serbie et les élections libres qui y sont organisées pour l'avaliser. En revanche, il estime le référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie contraire au droit international, au motif qu'il s'est déroulé «sous occupation» de l'armée russe. Pour Moscou, si les forces militaires russes ont «libéré» la Crimée de l'Ukraine sans tirer un coup de feu, l'Otan a «libéré» le Kosovo avec des bombardements aériens massifs ayant occasionné la mort de milliers de civils et la destruction des infrastructures stratégiques de la Serbie.