Les gouvernements de l'UE ont décidé hier d'exempter de visas les ressortissants de Serbie, de Macédoine et du Monténégro à compter du 19 décembre, un geste très attendu par Belgrade, en particulier au moment où son rapprochement avec les 27 est bloqué. «Je salue avec force cette décision, qui est une étape très importante dans le processus de rapprochement avec ces pays», a déclaré le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, au cours d'un point de presse, à l'occasion d'une réunion avec ses collègues européens. «La suppression des visas pour la Serbie, le Monténégro et l'ancienne République Yougoslave de Macédoine entrera en application le 19 décembre 2009», a-t-il précisé. Les Etats européens ont ainsi entériné une proposition faite par la Commission européenne en juillet. Ce geste était très attendu par Belgrade, notamment dix ans après les bombardements de l'Otan sur la Serbie et au moment où le pays est confronté à un blocage de son processus d'intégration à l'Union européenne à l'initiative des Pays-Bas. La Haye demande des progrès en vue de l'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, et de l'ancien président de la République serbe autoproclamée de Krajina (Croatie) Goran Hadzic, toujours en fuite. Les citoyens de Serbie, Macédoine et Monténégro pourront se rendre dans les pays de l'UE sans visa. Ces pays ont rempli les conditions fixées par Bruxelles: l'établissement de passeports biométriques, le renforcement des contrôles aux frontières ou lutte contre la corruption et le crime organisé. En revanche, deux autres pays des Balkans n'ont pas été retenus à ce stade, l'Albanie et la Bosnie-Herzégovine, faute de progrès suffisants, notamment pour la mise en place de passeports biométriques. Bruxelles leur fait miroiter une suppression de visas à l'été 2010 si les réformes nécessaires sont mises en place d'ici là. Cette différence de traitement, par rapport à Belgrade, a suscité des critiques, 10 ans après les bombardements de l'Otan contre la Serbie, pour mettre fin à l'offensive de Belgrade contre les Albanais du Kosovo, et alors que les musulmans bosniaques commémorent le massacre, en 1995, d'environ 8000 musulmans par les forces serbes à Srebrenica. M.Besson a indiqué à ce sujet avoir «invité l'UE a poursuivre ce processus (d'exemption des visas) avec l'ensemble des Etats des Balkans occidentaux, notamment avec la Bosnie Herzégovine et l'Albanie, dès que la Commission européenne aura rendu compte de l'achèvement de la feuille de route» à suivre, établie pour ces pays.