Pour Khaled, qui a appelé El Watan depuis Beyrouth, la disparition de Djamal Allam est un autre coup dur, après celui de Rachid Taha. «Je connais Djamal depuis très longtemps. On a fait nos quatre cents coups ensemble. On a fait une chanson en commun à la mémoire du maître du chaâbi, Hachemi Guerrouabi». Très attristé par la disparition d'un «grand artiste», Khaled regrette amèrement le «manque de temps qui l'a empêché d'aller le voir à l'hôpital». «Je suis vraiment triste et dégoûté de n'être pas allé le voir avant sa mort. Pourtant, j'avais prévu de le faire. D'ailleurs je me suis dit que j'allais le voir juste après mon retour du Liban. Mais dommage, il est parti avant». Khaled loue les qualités humaines et artistiques de Djamal Allam. Un chanteur de talent qui a exporté la musique moderne algérienne en premier. Un bon vivant qui aimait vivre et faire la tête. «Il a beaucoup joué avec Hugues Aufrey, le chanteur breton est l'ami de tous les artistes kabyles à Paris. Je l'ai rencontré moi aussi. Ils étaient de très bons copains», a expliqué Khaled par téléphone, en ajoutant : «Il a aussi monté une ”boîte” pour organiser des spectacles à Ryadh El Feth, je me suis même produit là-bas.» Et de conclure : «C'est un coup terrible pour moi et pour la musique algérienne. Djamal était un artiste complet et un homme avec un cœur bon.» Même sentiment de tristesse chez Tahar Metref, artiste, auteur et compositeur et président de l'Association berbère de Kabylie à Montpellier. Pour lui, Djamal Allam est plus qu'un artiste. «C'est le père de la chanson kabyle moderne. Un vrai mélodiste. C'est le premier à l'avoir exportée en dehors de ses frontières algériennes». Et d'ajouter avec reconnaissance : «Je suis un admirateur de Djamal, de son travail et de sa musique. J'ai joué avec lui en 1973 au cinéma l'Eldorado, à El Harrach.» L'ACBK a organisé, dans le passé, deux concerts de Djamal Allam à Montpellier, en présence d'un public nombreux et assoiffé de découvrir les chansons du pionner de la musique moderne algérienne. «Je garde des images ineffaçables, ajoute M. Metref. Je savais qu'il était malade. Je devais même aller lui rendre visite dans une clinique à Alger, mais par manque de temps, je n'ai pas pu le faire, hélas». «Un des pionniers de la musique moderne algérienne» Djamal Allam avait aussi des amis dans d'autres domaines culturels. Comme le cinéma, par exemple, où il s'est lié d'une forte amitié avec l'acteur et comédien Fawzi Saïchi. «C'est un ami que je connais depuis 40 ans, a déclaré M. Saïchi, pour El Watan. Il voulait que je tourne dans son film Banc public en 2012. D'ailleurs, le film a obtenu l'Olivier d'or au Festival de Tizi Ouzou». Il ajoute : «C'était un ami très proche. Il me téléphonait souvent. La dernière fois que je l'ai vu, c'était à Béjaïa, à l'occasion de l'hommage qui lui a été rendu. Il a insisté pour que je sois présent. Il m'aimait beaucoup. C'est une très grosse perte pour la culture algérienne.» Par ailleurs, les réseaux sociaux algériens et français débordent d'hommages à Djamal Allam, considéré comme un véritable artiste qui a toujours chanté avec son cœur et sans fioritures. Pour Takfarinas, Djamal Allam est un «modèle sur le plan vocal». «C'est un chanteur traditionnel et moderne à la fois. Il faisait tout d'une manière artistique. C'était un bon vivant. Il faisait rire les gens. C'était un homme sympathique», a expliqué le chanteur kabyle. Il a ajouté : «Djamal Allam était un des pionniers de la musique moderne algérienne, avec les Abranis et Idir. Il a donné beaucoup pour la chanson algérienne. Pour moi, il avait une intelligence musicale supérieure et rien qu'avec sa voix et sa guitare, il pouvait transporter son auditoire loin.» Et de conclure : «80% de ses chansons étaient des tubes. J'espère que tous ceux qui l'ont critiqué ces dernières années auront une pensée positive pour lui, car il a donné beaucoup pour la musique algérienne et kabyle.»