Faute de perspectives, de crédits ou d'un hypothétique emploi, beaucoup de jeunes campagnards se sont lancés, ces dernières années, dans la production du charbon, à Lakhdaria et dans d'autres communes de la wilaya de Bouira. Si le métier est réputé être salissant, il n'en demeure pas moins qu'il fait vivre son pratiquant, surtout celui qui réside près d'une forêt et qui sait s'y prendre, parce que, il ne faut pas se leurrer, n'est pas charbonnier qui veut. Il faut, en effet, posséder un certain savoir-faire pour espérer avoir une bonne quantité de charbon après une fournée. Le charbonnier doit d'abord creuser une fosse de deux mètres sur un et d'un mètre de profondeur environ. Il va sans dire que son emplacement ne doit pas être loin du bois. Une fois la fosse mise en place, le charbonnier la remplit de gros morceaux de bois, y met le feu le soir et la couvre avec une tôle, en laissant une sorte de cheminée d'une dizaine de centimètres de largeur sur toute la longueur de la fosse. Le lendemain matin, un bon charbonnier est sûr de trouver tout son bois consumé à moitié, c'est-à-dire transformé en gros morceaux noirâtres. C'est du charbon. Avec une pioche et une pelle, le charbonnier s'emploie alors à réduire le tout en petits morceaux qu'il met dans des sacs.Arrive enfin la dernière étape : la livraison. Le charbonnier doit avoir une liste de clients gros utilisateurs de charbon et, surtout, bons payeurs. A raison de 600 DA le sac d'une vingtaine de kilos environ, un bon charbonnier gagne entre 3000 et 4000 DA par fournée, ce qui n'est pas peu.Mais, aléas du métier obligent, le charbonnier trouve souvent des difficultés à mi-chemin entre sa fosse et son client. La première de ces difficultés se trouve incontestablement au niveau des barrages des services de sécurité. Ces derniers ferment des fois les yeux, mais exigent souvent une autorisation en bonne et due forme délivrée par les services des forêts. La seconde est liée justement au coût de cette autorisation. Un coût jugé exorbitant par tous les charbonniers que nous avons interrogés. Ainsi donc, au lieu d'encourager avec des aides ou des primes tout jeune campagnard qui a pu créer son propre emploi, certains services de l'Etat ne trouvent pas mieux que de « pénaliser » ce même jeune malheureux, dont le seul tort est d'être un « djebaïli » qui veut gagner sa vie là où il est.