Les animateurs du mouvement Mouwatana sont-ils une menace pour le pouvoir en place ? Ce conglomérat dérange-t-il au point de lui interdire d'exercer même une activité de proximité ? Samedi dernier, dans la ville de Béjaïa, les membres de ce mouvement ont été tabassés, malmenés et embarqués au poste de police pour avoir tenté d'approcher les citoyens afin de les sensibiliser quant au danger qui guette le pays et surtout contre «un humiliant» 5e mandat pour Bouteflika. Pour Mouawatana, les Algériens sont interpellés par ces actions d'intimidation destinées à étouffer toute expression libre et toute velléité de présentation d'alternative à ce régime que Zoubida Assoul, porte-parole du mouvement, qualifie de «moribond» et de «nuisible». Hier, Zoubida Assoul a rappelé que Mouawatana a été interdit, que ce soit dans la capitale ou dans la ville de Constantine et dernièrement à Béjaïa, d'aller vers les citoyens et s'est dit scandalisée par le comportement des autorités, d'autant plus qu'il ne s'agissait que d'une action de proximité citoyenne. «Les autorités sécuritaires ont déployé des moyens exceptionnels pour empêcher tout contact entre citoyens soucieux de l'avenir de leur pays. Mieux, aux forces policières habituelles, des éléments du BRI sont entrés en lice, comme s'ils avaient en face d'eux une bande de criminels», dénoncent les acteurs de ce mouvement né il y a tout juste quelques mois. Relatant les conditions dans lesquelles ils ont été arrêtés, Zoubida Assoul condamne le comportement du pouvoir qui s'en est pris à une délégation composée uniquement de 25 personnes. «Pourquoi une telle agressivité et un tel acharnement ?» se sont interrogés les animateurs du mouvement, choqués par l'ampleur de la répression. «L'arrestation de l'ensemble de la délégation s'est faite dans des conditions d'agressivité incompréhensible, voire d'hystérie. Plusieurs militants ont été plaqués à terre puis menottés avec brutalité avant d'être embarqués sans ménagement dans les fourgons de police», lit-on dans un communiqué rendu public hier par le mouvement. Celui-ci trouve inadmissible le traitement infligé, entre autres, à maître Salah Dabouz. «Maître Salah Dabouz, bousculé, a fait une chute dangereuse, avec perte de connaissance. Alors que nous attendions au commissariat une ambulance pour lui prodiguer des soins, il fut menotté et agressé verbalement.» La violence de l'Etat trouve son origine, selon Zoubida Assoul, dans «la montée de la peur et de la panique dans le camp du pouvoir et le refus des Algériens de plus en plus exprimé contre un humiliant 5e mandat». Il leur appartient désormais, de l'avis de Soufiane Djilali, de prendre leur destin en main, de se réapproprier leurs droits de citoyens et de s'engager pour que pacifiquement l'Algérie se débarrasse de ce régime et instaure un Etat de droit. «Dans son combat pour un véritable changement de système de gouvernance, Mouwatana assumera ses responsabilités. Si le mouvement doit s'adapter à ces réalités répressives, il ne quittera pas le terrain et renforcera son travail de rassemblement de tous les patriotes», promet Zoubida Assoul. Enfin, Mouwatana soutient les actions des citoyens de Ouargla qui viennent de démontrer à l'opinion publique le niveau de conscience et d'engagement des Algériens.