Pour découvrir le travail surprenant de forgerons passionnés par leur métier depuis de nombreuses années, vous n'avez qu'à vous rendre à Tibecharine, un petit bourg claustré entre les communes d'Afir, de Makouda et de Mizrana. Les premiers forgerons de Tibecharine, ont travaillé durement. Ils ont dompté le fer pour le transformer en une multitude d'objets utiles à l'homme. Les forgerons de Tibecharine qui ont acquis une remarquable réputation dans toute la région de Mizrana, possèdent un savoir-faire ancestral extraordinaire et forcent toujours l'admiration de leurs spectateurs abasourdis par leur façon surprenante à manier avec une facilité déconcertante le fer. En effet, il y a une sorte de magie dans le travail de ces forgerons qui, d'un disproportionné lingot de métal tirent les objets indispensables à la vie quotidienne : les outils nécessaires à l'agriculture, les haches, les pioches et les fers à cheval. Eux seuls arrivent à domestiquer les quatre éléments indispensables : la terre, d'où est extrait le minerai, le feu qui permet sa transformation, mais aussi et surtout l'eau qui alimente la forge et l'air qui passe dans le soufflet. Pour en savoir un peu plus sur ce métier difficile mais ô combien passionnant qui a tendance à disparaître, nous avons approché un forgeron de la région dans son atelier où seuls les sonorités des coups de marteau sur l'enclume et celles produites par le soufflet résonnent. Tout en maniant le fer qu'il tenait fermement, notre interlocuteur nous parlait à haute voix sans toutefois quitter des yeux le métal qu'il façonnait : « Le métier de forgeron nécessite autant de puissance que de précision. Aucun répit n'est accordé. Le forgeron doit frapper fort et juste avant que le fer ne refroidisse. On ne parle pas pendant le travail. » Enfin, il est à noter que les ateliers des forgerons de Tibecharine, sont pris d'assaut chaque année à la veille de la cueillette des olives, et autres rendez-vous importants de la saison.