Il en remet une couche. Bernard Bajolet, qui fait la promotion de son livre Le soleil ne se lève plus à l'Est, multiplie ses interventions médiatiques suscitant des commentaires et interprétations. Après son interview au Figaro, dans laquelle il a évoque l'état de santé de Abdelaziz Bouteflika et le fléau de la corruption qui gangrène le système algérien, l'ancien ambassadeur et ex-patron de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) a lancé une pique lors d'un échange avec la presse diplomatique. Se laissant aller à quelques confidences, Bernard Bajolet parle de «momification du pouvoir algérien qui sert certains groupes». «Soyons clair, je souhaite longue vie au président Bouteflika : je ne suggère donc pas qu'on le débranche. Mais cette momification du pouvoir algérien sert certains groupes qui, ainsi, se maintiennent au sommet et espèrent continuer à se maintenir et à s'enrichir», analyse-t-il. Une forte charge. Une critique acerbe. Le propos va sans nul doute mettre dans la gêne les autorités algériennes qui pour l'instant se sont gardées de toute réaction officielle. Probablement pour ne pas «donner d'importance aux déclarations de l'ancien ambassadeur». Mais pour une partie de l'opinion publique comme pour les commentateurs de la vie politique, les propos de Bernard Bajolet ont une «portée politique au regard du contexte et de la nature des relations entre Alger et Paris». Ce n'est pas le point de vue de l'actuel ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, qui minimise les propos de son ancien prédécesseur. Invité, avant-hier, par la commission des affaires étrangères de l'APN à l'occasion de l'installation du groupe d'amitié algéro-français, il a estimé que M. Bajolet «s'exprime à titre personnel, il n'engage en aucun cas le gouvernement, le Président et l'administration française (…)». Il ne manque pas de rappeler, par ailleurs, que «le rôle d'un ambassadeur français à Alger, ce n'est pas de remettre l'huile sur le feu, fut-ce de l'huile d'olive ! C'est au contraire de rapprocher, de raccommoder quand il faut, de faire dans la dentelle».