Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a prononcé jeudi un discours devant l'Assemblée générale des Nations unies comportant plusieurs messages destinés à Israël, la force occupante de la Palestine, à son allié et protecteur, les Etats-Unis, et au reste de la communauté internationale. «Al Qods n'est pas à vendre et les droits palestiniens ne sont pas à vendre», a lancé le président palestinien au début de son discours. Ces paroles franches et directes étaient adressées en premier lieu à l'administration du président Donald Trump qui a annulé toutes ses aides financières aux Palestiniens dans l'espoir de les voir accepter ses décisions, particulièrement celle de considérer la ville sainte d'Al Qods (Jérusalem-Est), occupée et annexée par Israël en 1967, comme capitale de l'Etat hébreu, prise à la fin 2017. Décision inacceptable pour le peuple palestinien qui rêve de faire d'Al Qods la capitale de son Etat indépendant et qui a poussé Mahmoud Abbas et la direction palestinienne à couper toute relation avec les Etats-Unis. Parmi une série de mesures punitives, plus de 200 millions de dollars destinés à l'Autorité palestinienne, plus de 20 millions d'aide aux hôpitaux dans la ville sainte d'Al Qods et plus de 350 millions de contribution annuelle au budget de l'Agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) ont été annulés par l'administration Trump, la plus alignée sur les politiques du gouvernement israélien depuis des décennies. La dernière décision de cette administration a été la fermeture de la représentation diplomatique palestinienne à Washington. Mahmoud Abbas, qui ne paraissait pas au mieux de sa forme physique, a accusé les Etats-Unis de violer les accords conclus avec les Palestiniens et a déclaré que la direction palestinienne ne peut continuer à les respecter de son côté seulement. Il a adressé la même menace au gouvernement israélien à propos de tous les accords signés par les deux parties depuis 1993 et qu'Israël n'a jamais respectés, tout en lui faisant porter l'entière responsabilité des conséquences de la nouvelle situation. «Israël n'a exécuté aucune résolution des centaines adoptées par l'Assemblée générale et par le Conseil de sécurité de l'ONU concernant la cause palestinienne», a lancé le président Abbas, tout en se demandant s'il est juste qu'Israël demeure sans rendre des comptes et d'être au-dessus des lois. Il a souligné également qu'aucune paix dans la région n'est possible sans l'établissement d'un Etat palestinien indépendant avec Al Qods comme capitale, insistant sur le fait qu'il parle de l'ensemble de la ville sainte occupée par Israël en 1967 et non pas d'une partie seulement. Le leader palestinien, âgé de 83 ans, a évoqué à plusieurs reprises la loi sur l'Etat-nation adoptée récemment par le Parlement israélien, la Knesset, et qui fait d'Israël un Etat d'apartheid. Comme il a réitéré la position palestinienne de ne plus accepter les Etats-Unis comme seul médiateur dans le processus de paix. Il a appelé une nouvelle fois le président américain à revenir sur sa décision concernant Al Qods. «Je lance une fois de plus un appel au président Trump», a dit le président Abbas. «Je lui demande de revenir sur ses décisions à propos d'Al Qods, de la colonisation et des réfugiés. Ces décisions sont contraires au droit international et aux résolutions de la légitimité internationale», a ajouté Mahmoud Abbas. «Pourquoi cette animosité à l'égard des Palestiniens ?» s'est interrogé le président palestinien, qui a demandé à tous les pays qui ne l'ont pas encore fait de reconnaître l'Etat de Palestine. Jamais soumis à autant de pressions sur des questions essentielles de la cause palestinienne, Al Qods, les réfugiés et l'Etat indépendant pourvu de continuité territoriale, M. Abbas tente de résister aux Américains et aux Israéliens, mais la division interne ne lui facilite pas sa mission. Le mouvement Hamas, qui contrôle en solo la bande de Ghaza depuis l'été 2007, grâce à un putsch armé, a critiqué le président Abbas et son discours et a mis en cause sa légitimité en tant que président de l'ensemble du peuple palestinien. Mahmoud Abbas s'est d'ailleurs adressé au mouvement Hamas dans son discours et l'a appelé à respecter l'accord de réconciliation signé au Caire en octobre 2017. Pour le président palestinien, la réconciliation repose sur un seul gouvernement, une seule législature et un seul armement, refusant ce qu'il a appelé «l'Etat de milices». Au cas où la réconciliation demeure impossible, le président palestinien a menacé de ne plus prendre de responsabilité dans la bande de Ghaza, qui vit déjà une situation humanitaire difficile. L'Autorité palestinienne dit qu'elle verse plus de 90 millions de dollars mensuellement à la bande de Ghaza comme salaires ainsi que dans les secteurs de l'électricité, de la santé, de l'éducation et autres. L'arrêt de ce financement démolira totalement la machine économique dans l'enclave palestinienne avec des conséquences très graves sur l'ensemble des deux millions de Ghazaouis.