La hausse de la facture alimentaire de l'Algérie, qui vient de passer du simple au double en 2008, fait trembler le gouvernement Ouyahia. C'est El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, qui le dit à demi-mot. « La facture alimentaire augmente de plus en plus. Ça nous inquiète », a-t-il lâché hier lors d'une brève une déclaration à l'ouverture des travaux d'une rencontre entre hommes d'affaires brésiliens et algériens tenue à Alger. Auparavant, le ministre avait prononcé une autre phrase symptomatique d'une (in)sécurité alimentaire aléatoire de plus en plus vérifiée : « Nous vendons du pétrole pour acheter de la nourriture, il n'y a pas de mérite en cela. » Et d'ajouter : « Il faut revoir notre conduite (…). Nous devons remplacer l'acte d'importer par l'acte de produire localement. » Comment compte-t-il s'y prendre ? M. Djaâboub n'en a pas soufflé mot. Il faut dire que les confessions du ministre du Commerce, qui interviennent au lendemain de la publication des statistiques portant sur l'augmentation « dangereuse » du volume de la facture alimentaire, s'apparentent ainsi à un véritable camouflet de la politique du gouvernement pour assurer une sécurité alimentaire durable. Un gouvernement qui n'a fait jusqu'ici que privilégier l'importation au détriment de la production nationale et ce n'est qu'en 2008 que le gouvernement se réveille pour constater les dégâts collatéraux de cette politique d'importation à outrance. En effet, la facture alimentaire en céréales, semoules et farines a atteint, rappelons-le, la valeur de 3,98 milliards de dollars en 2008, contre 1,98 milliard en 2007, enregistrant ainsi une hausse de 100,61%. Pour les laits et les produits laitiers, la facture a grimpé à 1,29 milliard de dollars contre 1,06 milliard en 2007, soit une hausse de 21,72%. En 2006, les importations étaient de l'ordre de 21 milliards de dollars et de 20 milliards en 2004, selon des chiffres du CNIS.