En réaction à la brusque augmentation des prix des produits de large consommation des derniers mois, le ministère du Commerce compte proposer au gouvernement la création d'un fonds spécial pour la subvention des prix. Interrogé jeudi dernier par un membre du Conseil de la nation sur les dispositions que les pouvoirs publics comptent entreprendre pour contenir la flambée des prix des aliments de première nécessité, El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, a indiqué que son département proposera bientôt la création d'« un fonds national de subvention des prix dont l'objectif est de parvenir à un plafonnement des prix des produits alimentaires de grande consommation et d'intervenir à chaque fois que les prix de ces produits connaîtront une augmentation sur le marché ». Le ministre fera savoir à ce propos qu'en plus du lait, la semoule et la farine dont les prix sont déjà plafonnés, d'autres produits seront concernés par les subventions dudit fonds, notamment les huiles pour les maintenir à 450 DA les 5 litres, et les légumes secs à 100 DA le kilo. « Les mécanismes qui concernent les autres produits essentiels impliquent une diminution ou l'annulation de la taxe sur la valeur ajoutée et des droits de douane afin de conserver des prix raisonnables pour le consommateur », a ajouté M. Djaâboub, en donnant l'exemple de ce qui a été fait pour venir à bout de la crise de la pomme de terre d'il y a quelques mois et sa conséquence sur les prix qui ont atteint des niveaux insoutenables. Le ministre du Commerce a expliqué que les augmentations des prix dont se plaignent les citoyens sont dues aux turbulences que le marché international a connues ces derniers temps : le prix du blé est passé de 200 à 500 dollars/tonne, alors que la farine a augmenté de 130 à 450 dollars/tonne, et le prix de l'huile a doublé de 700 à 1450 dollars. Selon le ministre, les mesures de plafonnement des prix des produits vont coûter annuellement au Trésor pas moins de 2,5 milliards de dollars. La subvention du lait (plafonnement des prix et soutien à la production en amont) coûte actuellement 22 milliards de dinars, celle de la semoule 90 milliards de dinars, celle de la farine 52 milliards de dinars. Il est à rappeler à cet effet qu'un comité de veille ad hoc a été mis en place l'été dernier pour le suivi au quotidien des tendances du marché, caractérisé par un renchérissement remarqué des produits de large consommation. Un renchérissement qui risque de durer dans le temps, d'autant que les spécialistes affirment que les pays grands consommateurs de produits alimentaires comme l'Algérie, vont devoir payer désormais plus chères leurs factures alimentaires. Les spécialistes expliquent la flambée des prix des céréales par la progression de la demande de biocarburants. Cette flambée des prix entraîne, selon eux, « une mutation radicale des marchés agricoles susceptible d'induire une hausse des prix mondiaux de nombreux produits agricoles, y compris le lait, le pain et les viandes ». L'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (Fao) a, d'ailleurs, averti dans un rapport publié récemment en collaboration avec l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), quant aux conséquences désastreuses de la flambée des prix des céréales sur le marché mondial des autres produits agricoles. Selon les « perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO 2007-2016 », des facteurs transitoires tels que les épisodes de sécheresse sévissant dans les régions productrices de blé où le faible niveau des stocks expliquent dans une large mesure les récentes augmentations des prix agricoles. A long terme, l'Organisation prévoit « des changements structurels qui, au cours des 10 prochaines années, pourraient bien se traduire par le maintien des prix relativement élevés pour nombre de produits ». « La diminution des excédents de production et la réduction des subventions à l'exportation viennent accentuer les évolutions de long terme que connaissent les marchés », conclut la Fao.