Les artistes algériens et leurs collègues venus de l'« Orient éclaté » se sont solidarisés à leur manière avec le peuple meurtri de Ghaza. Par la voix et la plume, ces artistes ont convenu d'une chose : avec le soutien de tous, la résistance du peuple palestinien ne sera pas vaine. La salle de Bab El Oued, fermée des années durant, a renoué, mercredi dernier, avec l'ambiance qui fut la sienne. Cette fois-ci, c'était pour apporter un soutien indéfectible aux habitants de Ghaza qui subissent la guerre que leur font la soldatesque de l'Etat hébreu. Les artistes qui se sont relayés sur scène, avec comme support des images du désastre, ont voulu, à leur manière toute particulière, apporter leur soutien aux Ghazaouis. Prévu initialement à la salle El Mouggar, le gala de soutien s'est déroulé, une partie de la nuit de mercredi, à la salle Atlas. Le ticket « de soutien » était de 500 DA, comme l'ont décidé les services du ministère de la Culture, dont la première responsable a été de la partie. Des artistes d'Orient et du cru furent « appelés en renfort ». Leurs goûts et leur âge différent, mais un seul mot d'ordre semble les réunir : « Sans nos voix, le peuple de Palestine se sentira encore plus isolé qu'il ne l'est dans le ‘‘bantoustan'' voulu par l'Etat d'Israël. » Le rappeur ingénieux, Lotfi double kanon, ne s'est pas fait violence pour apporter, avec sa touche exceptionnelle son soutien et en faisant réagir le public. Le public fera ainsi corps avec la voix rageuse du rappeur de Annaba. La délégation de l'ambassade de Palestine n'a pas raté l'occasion pour faire un standing ovation au chanteur. Sur le parvis du Théâtre national algérien (TNA) et dans les tribunes qui leur sont offertes, les artistes n'ont pas manqué de réagir, avec un sentiment de peine mêlé de haine contre les agresseurs, leur soutien indéfectible pour les Ghazaouis. Même des artistes, moins « engagé et enragés », ont fait de cette cause une occasion de « rebondir ». A la salle Atlas, le service d'ordre, quelque peu dépassé, a rabroué des spectateurs surpris de voir parmi les invités d'honneur de la ministre, des artistes orientaux connus de tous. Ahlam Mostaghanmi, dont les écrits s'inscrivent dans « l'Orient meurtri », était aussi de la partie. Les placards et les emblèmes palestiniens furent également brandis dans la salle. « De toute notre âme meurtrie, nos cœurs et corps, nous sommes avec Ghaza », peut-on lire sur une affichette portée à bout de bras. Quelques spectateurs se sont « emparés » du « slogan » du président défunt, Houari Boumediène : « Nous sommes avec la Palestine, dhalima aou madhlouma (juste ou dans le tort). » Mais la cause des Ghazaouis ne peut être que juste, crieront en chœur les nombreux Algérois venus à Bab El Oued. « Les Algériens, qui ont déboursé la somme de 500 DA, somme dérisoire, peuvent faire plus. Ce n'est qu'‘‘adhafou el imane'' », diront des spectateurs. Le sont-ils réellement dans l'ambiance dégagée lors cette nuit de mercredi.