Il est important «de constituer et de conserver des réserves de change suffisantes», mais aussi de «les utiliser à bon escient», recommande le FMI. L'économie de la planète et son système bancaire et financier courent-ils à nouveau le risque d'une grave crise mondiale semblable à celle de 2008, qui a suivi, rappelle-t-on, celle des Subprimes aux Etats-Unis ? Le Fonds monétaire international (FMI) le redoute en tout cas, compte tenu surtout des vulnérabilités accrues qui minent le système financier mondial et des risques que l'aggravation des litiges commerciaux internationaux fait désormais peser sur la fragile reprise de la croissance. «Il faut conjuguer les efforts pour réparer le système commercial mondial, pas le détruire», a alerté en ce sens la directrice du FMI, Christine Lagarde, lors d'une conférence hier à Bali (Indonésie) où se tiennent les assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale (BM). «Il y a un an, j'avais dit que quand le soleil brille, il est temps de réparer le toit. Mais on n'a pas vu beaucoup de toits réparés, beaucoup de pays ont mangé leur pain blanc», a encore déploré Christine Lagarde, tout en manifestant son inquiétude face aux risques d'un nouveau ralentissement de l'économie mondiale. Alors que la tendance était à la hausse l'an dernier, «la croissance économique a atteint un plateau et il faut prendre des mesures», a-t-elle averti à ce propos. La veille, le Fonds a dressé un constat inquiétant sur les vulnérabilités qui menacent désormais la finance et l'économie mondiales, en raison, entre autres, de l'accroissement des niveaux d'endettement. Dans son rapport sur la stabilité financière dans le monde, publié sur son site internet, le FMI souligne ainsi qu'il «ne faudrait pas trop baisser la garde», car «les risques menaçant le système financier à brève échéance se sont quelque peu aggravés…». Outre l'emballement de l'endettement sur les marchés financiers et les risques liés au Brexit, les experts de l'institution de Bretton Woods relèvent dans le rapport que «les tensions commerciales s'accentuent, l'incertitude entourant les politiques économiques s'accroît dans un certain nombre de pays», tandis qu'une «montée des pressions sur le marché financier est observée dans plusieurs pays émergents». Il est crucial, insistent-ils, «que ces pays réduisent les vulnérabilités et continuent de s'appuyer sur des politiques et des cadres d'action solides». Et pour ce faire, préconisent les mêmes experts, il est important «de constituer et de conserver des réserves de change suffisantes», mais aussi de «les utiliser à bon escient». S'alarmant de la très forte hausse des dettes dues par les Etats, les entreprises et les ménages, le FMI relève à cet effet que «les pays émergents se financent davantage sur les marchés internationaux et risquent de ne pas pouvoir refinancer une part considérable de leur dette en devises étrangères». Se faisant, est-il expliqué dans le même rapport, «les banques sont exposées à ces emprunteurs très endettés et certains établissements d'envergure mondiale détiennent de gros portefeuilles d'actifs moins liquides et plus opaques». A ces vulnérabilités accrues qui menacent le système financier mondial, s'ajoutent, selon les experts du Fonds, d'autres risques d'instabilité qui pourraient s'accroître fortement, dont surtout «une escalade plus généralisée des tensions commerciales, un Brexit sans accord et de nouvelles inquiétudes relatives à la politique budgétaire de certains pays de la zone euro très endettés».