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FMI : Pour Lagarde, la reprise s'installe et le temps des réformes est venu
Publié dans Le Maghreb le 10 - 10 - 2017

La reprise économique mondiale s'installe durablement, a estimé Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) qui exhorte néanmoins les pays à mener des réformes pour ancrer la croissance dans le temps.
Quand on prend un peu de recul, "on voit que la reprise mondiale, tant attendue, s'installe durablement", a-t-elle déclaré au cours d'un discours à l'Université d'Harvard. En juillet, le FMI anticipait une croissance mondiale de 3,5% cette année et de 3,6% pour 2018. "La semaine prochaine, nous allons publier une prévision actualisée en ouverture des assemblées annuelles et elle devrait être encore plus optimiste", a indiqué Mme Lagarde sans toutefois dévoiler de chiffres. Elle a souligné que près de 75% des pays du monde se redressaient, "ce qui signifie plus d'emplois et une amélioration du niveau de vie dans de très nombreuses régions du monde". La directrice du FMI constate néanmoins que "cette reprise n'est pas totale", et que dans un certain nombre de pays, la croissance est "trop faible". L'an dernier, 47 pays ont vu par ailleurs leur PIB par habitant décliner. Selon elle, la question principale est désormais de "savoir comment saisir l'opportunité de ce redressement pour sécuriser la reprise et créer une économie qui profite au plus grand nombre". Elle a relevé "des menaces à l'horizon" comme un niveau de dette élevé dans de nombreux pays, l'expansion rapide du crédit en Chine ou des prises de risques trop importants sur les marchés financiers. "Il faut aborder ce moment (de reprise) comme une opportunité de faire les changements nécessaires à une prospérité à long terme", a-t-elle ajouté. "Nous ne devrions pas gâcher la bonne reprise". Il est toujours plus facile de mettre en œuvre des réformes lorsque l'économie se porte bien, a-t-elle fait valoir. "Intuitivement, on sent que cela fait sens: il est plus aisé de réformer le code des impôts quand les salaires augmentent ou de modifier la réglementation du travail quand le plein emploi est presque là", a ajouté Mme Lagarde. Elle a invité ainsi les pays où les finances publiques sont solides comme en Allemagne ou en Corée du Sud à s'investir davantage sur leur propre marché et les pays pauvres à contenir leur dette publique.

Les pays du G20 pressés de résorber les déséquilibres commerciaux et l'endettement
Le FMI a pressé les pays du G20 de résorber les déséquilibres extérieurs comme intérieurs, allant des échanges commerciaux à l'endettement, pour éviter la division et de mettre en danger la dynamique retrouvée de la croissance. Dans un rapport publié avant les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, le Fonds monétaire international s'inquiète notamment de la persistance des déséquilibres commerciaux parmi les pays avancés, excédentaires pour les uns comme l'Allemagne, la Corée du Sud ou même le Japon et déficitaires pour les autres, comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. Il note que les excédents commerciaux de certains pays émergents comme la Chine se sont un peu réduits de même que les déficits des échanges pour l'Indonésie, l'Afrique du Sud ou la Turquie. Dans une allusion aux velléités de l'administration américaine de Donald Trump de réformer drastiquement les relations commerciales, le FMI craint que "des déficits persistants ne provoquent des actions perturbatrices de politique commerciale menant à des ajustements brutaux". Au rang des déséquilibres intérieurs, le FMI est soucieux du niveau de la dette souveraine comme privée qui a dépassé ses niveaux d'avant la crise de 2008 chez bien des membres du groupe des 20 pays les plus riches de la planète. La dette publique aborde un palier "inconfortable" en Italie, au Japon en Espagne, aux Etats-Unis ainsi qu'au Brésil. En Chine, il faudrait poursuivre l'encadrement règlementaire pour corriger les vulnérabilités financières et se préoccuper des actifs douteux, encourage le FMI. Au niveau commercial, Pékin est invité à réduire ses barrières douanières. L'Allemagne est de nouveau pointée du doigt pour qu'elle fasse davantage usage de ses excédents en investissant par exemple dans les infrastructures afin de doper sa productivité et son potentiel de croissance. "Il y a une marge de manœuvre pour davantage de soutien budgétaire en Allemagne, y compris à travers un plus grand investissement public: cela relèverait non seulement le potentiel de production mais contribuerait à abaisser l'excédent des comptes courants et aiderait à doper la croissance dans les autres pays de la zone euro", dit le rapport du FMI. Le Fonds plaide à nouveau pour que les pays du G20 "agissent ensemble" au cas où la croissance mondiale calait. "Un stimulus budgétaire coordonné d'un demi-point de pourcentage de Produit intérieur brut (PIB) sur deux ans par les 12 membres du Groupe des 20 qui disposent de marge budgétaire devrait considérablement amortir le choc", préconise le Fonds. L'institution invite par ailleurs le G20 à repenser le système énergétique mondial afin de faire face au changement climatique "provoqué par l'activité humaine".

Etats-Unis: la réforme fiscale est "essentielle"
La réforme fiscale aux Etats-Unis est "essentielle" mais elle ne doit pas se traduire par un creusement du déficit, a affirmé la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde. La fiscalité doit être simplifiée, la réforme "doit alléger les impôts sur les entreprises, éliminer toutes les exemptions et exonérations qui font que ce système est si compliqué", a déclaré Christine Lagarde dans un entretien à la chaîne économique CNBC. La réforme devra aussi être menée, selon elle, avec l'objectif d'améliorer la situation des classes moyennes et être propice au marché du travail. Interrogée sur le projet de réforme annoncé la semaine dernière par l'administration Trump, elle a expliqué réserver son jugement pour plus tard. "C'est à un stade embryonnaire pour le moment. La réforme n'en est pas encore au stade législatif", a-t-elle observé, relevant par ailleurs que les débats et le lobbying à venir pourraient compromettre les ambitions politiques. Mettant en avant une forte réduction de l'impôt sur les sociétés, qui passerait de 35% à 20%, le président américain Donald Trump a défendu la semaine dernière un projet "pro-croissance, pro-emplois, pro-familles, pro-Américain". L'administration Trump a en outre assuré que ces réductions d'impôts ne coûteront rien au budget de l'Etat et se financeront d'elles-mêmes en dopant la croissance et donc les revenus du pays. Sur ce point, Christine Lagarde a estimé qu'il était "pour le moment impossible à modéliser" ce qu'allait produire concrètement cette réforme. "Mais idéalement, il (le projet de réforme) doit s'autofinancer dès que possible pour ne pas creuser le déficit budgétaire. C'est absolument crucial", a-t-elle insisté. Sur la croissance économique américaine, elle a noté qu'il s'agissait de "l'expansion la plus longue depuis les années 1850. C'est juste stupéfiant et c'est le bon côté des choses". Mme Lagarde, qui doit dévoiler mardi les prochaines prévisions économiques mondiales du FMI, a ajouté que l'économie américaine pourrait se porter encore mieux à condition d'équilibrer le déficit commercial, de mener "une refonte fiscale solide et une bonne réforme des infrastructures" avec des investissements dans les secteurs qui en ont besoin. Elle a aussi émis le souhait d'une réforme de l'immigration, qui dans une économie proche du plein emploi, apporterait de la nouvelle main d'œuvre. Le taux de chômage a reculé en septembre à son plus bas niveau depuis 16 ans, à 4,2% (-0,2 point).

Catalogne: les "tensions" pourraient "peser sur les investissements"
"Les tensions et l'incertitude" liées à la crise entre Madrid et les dirigeants séparatistes catalans pourraient "peser sur la confiance et les décisions d'investissement" en Espagne, estime le Fonds monétaire international (FMI), selon lequel les perspectives économiques du pays pour 2017 sont "solides". "Les tensions et l'incertitude liées à la Catalogne pourraient peser sur la confiance et les décisions d'investissement", a déclaré Andrea Schaechter, cheffe de mission pour l'Espagne au FMI, lors de la présentation d'un rapport publié vendredi sur la situation économique du pays. Le FMI n'a néanmoins pas modifié pour l'instant ses prévisions de croissance pour l'Espagne en 2017 (+3,1%) et 2018 (+2,5%), qualifiant de "solide et équilibrée" la reprise de l'économie, qui a retrouvé au premier semestre son niveau de PIB d'avant la crise. La crise en Catalogne suscite aussi l'inquiétude des agences de notation financières SP et Fitch, qui ont toutes deux averti cette semaine qu'elles envisageaient d'abaisser la note de la dette de la Catalogne, déjà classée en catégorie spéculative. Fitch a par exemple justifié cette décision par les "événements imprévisibles" qui pourraient advenir, y compris de "possibles perturbations" des liquidités auxquelles la Catalogne a accès. La Catalogne, avec 19% du PIB espagnol en 2016, est au coude-à-coude avec Madrid (18,9%) pour le titre de région la plus riche du pays. C'est également l'une des régions espagnoles les plus endettées, à hauteur de 35,2% de son produit intérieur brut (PIB). La Catalogne doit régulièrement puiser des liquidités dans un fonds spécial de l'Etat central. En 2016, l'économie espagnole avait progressé de 3,3% soit plus du double de la moyenne de la zone euro, grâce à des exportations très dynamiques venues renforcer les dépenses des ménages, ainsi qu'à la bonne santé du tourisme. L'Espagne conserve toutefois d'importantes faiblesses, comme sa lourde dette publique (environ 100% du PIB) et son fort taux de chômage (17,2% au deuxième trimestre), le deuxième plus élevé de la zone euro.

Le FMI conseille à Ryad de ne pas aller trop vite dans ses réformes
Le Fonds monétaire international (FMI) a conseillé à l'Arabie saoudite de ne pas aller trop vite dans ses réformes et dans les hausses de prix au moment où le royaume reste confronté à la baisse de ses revenus pétroliers. L'organisation internationale a salué le programme de réformes saoudien qui vise à stimuler les recettes non pétrolières et à contrôler les dépenses publiques. Le FMI a cependant conseillé à Ryad d'étaler la mise en œuvre du plan sur une plus longue période afin de réduire les effets négatifs. "Si l'assainissement des finances publiques est réalisé trop rapidement, cela aura un effet négatif sur la croissance" et entraînera de fortes hausses des prix du carburant et de l'électricité, a estimé le Fonds dans un rapport consacré à l'économie saoudienne. Répondant à des questions de la presse à Washington, Timothy Callen, chef de la mission du FMI pour l'Arabie saoudite, a noté que le chômage restait élevé dans le royaume avec un taux d'environ 12,8%. Confronté à une forte baisse des revenus pétroliers qui a entraîné des déficits budgétaires massifs ces trois dernières années, le royaume saoudien a lancé en 2016 un ambitieux programme pour diversifier l'économie, appelé Vision 2030. L'un de ses objectifs est d'atteindre l'équilibre budgétaire d'ici 2019 et d'avoir un excédent l'année suivante. Mais une équipe du FMI, qui s'est rendue à Ryad cet été, a appelé à une mise en œuvre plus graduelle du programme de réformes en vue d'avoir un budget sans déficit d'ici 2022. L'Arabie saoudite a affiché des déficits budgétaires d'un total de 170 milliards d'euros en 2014, 2015 et 2016, et devrait enregistrer un déficit de 45 milliards d'euros cette année. L'économie s'est contractée au cours des deux premiers trimestres de 2017 en raison de la faiblesse des prix du pétrole. Des mesures d'austérité ont jusqu'ici consisté à augmenter les taxes sur le tabac et les boissons gazeuses et énergisantes, à imposer des taxes sur les expatriés et à augmenter davantage les prix de l'énergie et de l'eau. Le royaume introduira aussi pour la première fois début 2018 une TVA de 5% sur la plupart des biens et services. Une deuxième vague de hausses de prix est attendue avant la fin 2017, selon le FMI. L'augmentation des prix de l'essence et de l'électricité pourrait atteindre 80%, selon le FMI. La hausse des prix du carburant et de l'électricité a généré 7,5 milliards d'euros en 2016 et devrait générer 57,7 milliards d'euros d'ici 2020, selon les estimations du Fonds. Les taxes et la TVA devraient générer 17 milliards d'euros d'ici 2020, soit 2 à 3% du PIB. Grâce à ces mesures, la croissance des secteurs non pétroliers devrait se redresser cette année, mais la croissance globale du PIB sera proche de zéro, compte tenu du recul de la production pétrolière. Timothy Callen a estimé qu'il faudrait "du temps" avant que les réformes entreprises par Ryad aient "un impact". Il a aussi relevé que les autorités avaient réalisé des progrès "substantiels" pour la mise en œuvre de la TVA et qu'elles devraient être fin prêtes pour le début de l'année 2018. Capital Economics a de son côté estimé jeudi que l'économie saoudienne allait se contracter de 1,3% cette année, mais que la situation allait s'améliorer en 2018 et 2019.


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