Jeudi 4 octobre, à Aïn Benian, la Direction de la pêche et de l'aquaculture de la wilaya d'Alger et le réseau de Protection des ressources biologies marines (Probium) ont réussi le tour de force de réunir les principales, pour ne pas dire toutes les parties concernées par la protection du milieu marin et de ses ressources biologiques. La production mondiale de plastique atteint environ 320 millions de tonnes par an. Une très petite quantité du plastique rejeté tous les jours est recyclée ou incinérée dans des installations de valorisation énergétique, alors que la plus grande partie est perdue et se retrouve dans l'environnement marin. En 2025, les océans pourraient regorger d'environ 250 millions de tonnes de déchets plastiques. La mer Méditerranée est la plus polluée au monde par les plastiques : 10 kg au kilomètre carré. Les millions de tonnes de plastique qui rejoignent les océans échouent au centre de vortex pour former de véritables continents. On pensait qu'il y en avait un seul dans le Pacifique — qu'on a nommé le 7e continent, d'une superficie de 3,4 millions de kilomètres carrés —, mais on en a découvert d'autres au centre de chaque grande masse océanique. Il y a ainsi cinq zones d'accumulation océanique des plastiques qui se situent dans le Pacifique Nord, le Pacifique Sud, l'Atlantique Nord, l'Atlantique Sud et l'Océan indien. La pollution plastique représente sans doute la plus grande menace pour les plantes et les animaux — y compris les humains se trouvant sur la terre ferme. Comment ? Les déchets plastiques se fragmentent. Les scientifiques estiment que les macrodéchets de plastique retrouvés en mer proviennent à environ 80% des continents. Ils trouvent leur origine dans les décharges à ciel ouvert, les déchets abandonnés dans la nature et les événements climatiques extrêmes (orages, tempêtes, tsunamis…). Le reste (20%) est composé de déchets jetés à partir des bateaux de loisirs, de marine marchande et de pêche. Après avoir rejoint les océans, les macrodéchets de plastique (sacs, bouteilles, emballages…) se fragmentent en microplastiques de moins de 5 millimètres. Cela se fait sous l'effet mécanique des vagues, du vent et du sable et l'action chimique des UV. Ils sédimentent ensuite ou sont ingérés par les animaux aquatiques. Les microplastiques se dissocient à leur tour en particules encore plus petites de l'ordre du millionième de mètre : les nanoplastiques. Aujourd'hui, les micro et nanoplastiques se retrouvent partout ; ils sont présents dans les sols, les sédiments, l'eau douce… et pourraient avoir un effet négatif à long terme sur les écosystèmes. Les chercheurs affirment que la pollution microplastique terrestre est beaucoup plus élevée que la pollution microplastique marine — entre 4 et 23 fois plus élevée, en fonction de l'environnement. Les microplastiques sont également retrouvés dans l'alimentation. Parmi 504 poissons de 10 espèces pêchés dans la Manche, 184 ont ingéré du plastique, soit 36,5%. Le sel de table n'est pas épargné non plus pour les microplastiques. Le sel est récupéré par évaporation de l'eau de mer puis s'ensuit un processus de cristallisation et de concentration. Sur 17 marques de sel de table provenant de 8 pays différents, toues sauf une contenaient des résidus de microplastiques. Inquiétudes Les particules plastiques sont éliminées en partie par l'organisme humain via l'urine, mais une exposition chronique journalière soulève des inquiétudes. Elles pourraient s'accumuler et induire des inflammations. Le 28 mai 2018, un communiqué de la Commission européenne a énoncé les nouvelles règles concernant les plastiques à usage unique pour réduire les déchets marins dans un objectif de protection de la biodiversité et de la santé humaine. En effet, les résultats inquiétants ont révélés la présence de 12 000 particules de microplastiques par litre de banquise dans la zone arctique. Du polyéthylène et du polypropylène (utilisés dans les emballages), de la peinture, de l'acétate de cellulose (issu des filtres de cigarette), du nylon et du polyester. Ces plastiques se retrouvent jusque dans nos poumons, les microplastiques étant présents dans l'air, dans l'eau et dans les aliments qui ont tendance à fixer les polluants de la famille des perturbateurs endocriniens. Les océans ne sont pas les seuls à être impactés par la pollution due aux matières plastiques. En effet, le sol, l'agriculture et donc l'alimentation seraient contaminés par les microplastiques. Pollution environnementale Alarmés par la situation des océans, de plus en plus d'experts s'intéressent maintenant à la présence de microplastiques au sein des sols. De nombreuses études mettent en avant la quantité grandissante de ces particules dans l'ensemble de nos environnements. Provenant des textiles, cosmétiques, déchets et emballages, mais aussi de nos médicaments et de notre industrie, ces microparticules se libèrent dans l'eau et intègrent ainsi nos sols. En effet, même après les étapes de filtration (humaine ou naturelle) ces particules restent présentes et se retrouvent dans l'eau potable et notamment celle utilisée pour irriguer les cultures. Les sols sont ainsi contaminés en profondeur par le biais de l'eau, qui s'infiltre en emportant avec elle les polluants. Mais ce n'est pas tout : les méthodes de broyage ou d'incinération des déchets libèrent elles aussi des particules qui se diffusent dans l'air et finissent par retomber sur une superficie bien plus vaste. Certaines pratiques agricoles sont même pointées du doigt. Selon une étude, lorsque des serres plastiques sont utilisées en agriculture, leur délitement libère aussi des polluants, entraînant une contamination progressive des sols aux microplastiques. Entre 2011 et 2014, des chercheurs de plusieurs pays ont observé 159 récifs coralliens en Thaïlande, en Indonésie et en Australie. Ils ont constaté que les débris plastiques marins pourraient être un événement déclencheur de maladies coralliennes (+20 à 89% du risque). Or les deux tiers de la biodiversité marine mondiale sont étroitement liés aux récifs coralliens.