Le vivier de la Terre, l'océan, subit des menaces grandissantes qu font bouger les autorités dans le monde, comme l'ONU qui lui consacre une conférence Les océans, menacés par le réchauffement climatique et la pollution, vont faire l'objet cette semaine d'une conférence inédite des Nations unies pour une mobilisation générale visant à inverser la dégradation préoccupante du plus grand écosystème planétaire, vital au bien-être de l'humanité. «Que vous regardiez la diminution des stocks de poisson qui atteignent des seuils critiques ou le degré d'acidification des océans, ou encore la quantité des déchets plastique qui les pollue, je pense que toute personne sensée ne peut que conclure à la nécessité d'agir de façon urgente», résume le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Peter Thomson. Les poissons sont la source de 17% des protéines animales au niveau mondial, une proportion qui monte à plus de 50% dans un grand nombre de pays les moins développés, soulignent les experts onusiens, précisant que des milliards de personnes sont dépendantes des océans pour se nourrir. Des activités économiques majeures comme le tourisme et le commerce dépendent aussi d'une bonne santé des océans. Au total, les écosystèmes océaniques génèrent de 3000 à 6000 milliards de dollars d'activité économique chaque année, dont 100 milliards pour la pêche et l'aquaculture, ce qui représente 260 millions d'emplois mondialement. Les océans et les ressources halieutiques sont particulièrement importants pour les communautés côtières, qui aujourd'hui représentent 37% de la population mondiale. Elles sont encore plus vitales dans les pays en développement, où environ 97% des petits pêcheurs vivent et pour qui la pêche est la principale source de nourriture et de revenus. Avec 72% de la superficie du globe, les océans sont le principal régulateur du climat terrestre. Ils produisent la moitié de l'oxygène et absorbent un tiers du dioxyde de carbone (CO2) qui provient des émissions résultant des activités humaines, considérées par la très vaste majorité des scientifiques comme cause du réchauffement climatique. Malgré leur rôle clé pour préserver la vie sur terre, les activités de l'homme sont une menace grandissante pour les écosystèmes marins qu'elles dégradent ou détruisent, déplore l'ONU. Aujourd'hui, 30% des stocks mondiaux de poissons sont sur-pêchés et plus de 50% sont exploités au maximum. Les habitats côtiers sont aussi sous pression, comme en témoigne la perte d'environ 20% des récifs coralliens mondiaux (20% supplémentaires sont dégradés). Outre le changement climatique, la seule pollution par les déchets plastiques, estimée à plus de huit millions de tonnes annuellement, tue chaque année jusqu'à un million d'oiseaux qui les ingèrent, ainsi que 100.000 mammifères marins et d'innombrables poissons et autres créature des mers. «Si rien n'est fait et si on continue à ce rythme il y a aura plus de débris plastiques que de poissons dans les océans d'ici 2050, et 99% des oiseaux marins en auront avalé», prédit l'ONU. Le réchauffement planétaire accélère également la fonte des glaces polaires, provoquant une montée du niveau des océans et un accroissement de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes comme les ouragans, qui menacent directement les populations côtières, surtout dans les petites îles et dans les pays en développement. Une montée de seulement 50 centimètres des eaux des océans obligera au déplacement de 1,2 million de personnes vivant au niveau de la mer dans des îles des Caraïbes, de l'océan Indien et du Pacifique. Ce nombre doublerait quasiment si les océans montaient de deux mètres. De 1901 à 2010, la montée des eaux océaniques s'est accélérée et ce au rythme le plus rapide depuis au moins 2800 ans, souligne l'ONU. La Conférence sur l'océan, qui s'ouvre quelques jours après l'annonce de Donald Trump, très largement condamnée, de retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, se concentrera notamment sur les moyens d'atteindre un des objectifs du programme de développement de l'ONU. Il porte sur l'élimination de la pauvreté à l'horizon 2030 et porte sur la conservation et l'exploitation durable des océans, des mers et des ressources halieutiques. La conférence donnera aussi lieu à des centaines de nouveaux engagements volontaires à agir, dont plus de 290 ont déjà été pris par des pays, des entreprises, des individus, des agences onusiennes et la société civile. La conférence devait initialement se dérouler aux Fidji mais a été déplacée à New York à la suite du cyclone Winston, qui a dévasté l'archipel en 2016.