Dans les ateliers de la maison, rue Saint-Martin, tout n'est que blanc et noir. Le couturier français a travaillé une silhouette très « eighties », structurée par des épaules marquées et des lignes droites, détonnant avec la féminité des broderies et des volutes. Une fenêtre de résille noire sur une jupe ivoire dévoile une jambe. Un trench en velours beige laisse entrevoir le dos par un filet. Les bretelles se font « arachnéennes » sur une petite robe plissée en éventail à l'imprimé filigrane. Les passages sur le podium d'Inès de la Fressange et d'Helena Noguerra ont suscité les applaudissements du public, parmi lequel Catherine Deneuve et Kylie Minogue. Cet été, les robes partagent la vedette avec le smoking, que le couturier réinterprète avec son « sens de l'androgynie ». Des robes au col smoking et des combinaisons strictes sonnent comme un hommage au couturier Yves Saint Laurent, qui, le premier, créa le smoking pour femmes. « Il a donné des codes à la mode, un vocabulaire », a expliqué Jean-Paul Gaultier. Pour sa part, Elie Saâb a choisi de rester fidèle à l'éternel féminin. Le couturier libanais a fait souffler un vent d'Orient sur le palais de Tokyo, balayant l'abondance de clinquant. La robe du soir, somptueuse dans des drapés assagis, retrouve toute sa noblesse. L'été est japonisant avec des ceintures obi qui sculptent la taille et dessinent une silhouette contemporaine. Dita Von Teese, Misha Barton et Michelle Yeoh ont admiré une déclinaison de tons pastels, très sensuels. Car le noir ne sort que le soir. Les volumes se déploient dans des robes à volants en cascade, auxquels répondent des bustiers au maintien parfait. Les broderies glissent entre fleurs et bijoux comme sur cette longue robe rose poudré, brodée de fleurs d'organza retenue par un bustier en bandes de mousseline. Le Français Franck Sorbier, qui se définit comme un « électron libre », avait donné rendez-vous au cinéma Le Balzac, près des Champs-Elysées, où était projeté So What ?, un petit film sur sa collection. Des saynètes, portant le nom de rues parisiennes, montrent toujours la même femme, dans des vêtements et situations différentes. Une tunique blanche à manches longues traversée de bandeaux noirs rue du Chat, qui pêche un corset rebrodé de pièces anciennes rue du Trésor ou encore un tailleur jupe sirène en dentelles découpées Cité Bien-aimé, où les mariés dansent entourés de fleurs. Le couturier, dont la maison connaît des difficultés financières, estime que « la haute couture ne peut pas rester immuable dans sa tour d'ivoire. Quand on est dans une petite maison, on vit en prise directe avec la réalité. On revient à des valeurs essentielles de la haute couture, c'est-à-dire un travail en profondeur avec aussi une certaine modestie ».