Il s'agit d'une affaire qui a eu pour théâtre le populeux faubourg de Petit lac et qui avait suscité la consternation et l'indignation des familles oranaises à l'époque des faits. Toute une famille, composée du père de son épouse et de leurs deux enfants, âgés de 8 et 11 ans, a été retrouvée assassinée sauvagement à l'arme blanche dans son domicile un matin du mois de juillet de l'année 2000. Dans leur folie meurtrière, les assassins n'ont même pas épargné le chien de leurs victimes, retrouvé également égorgé. Dans un premier temps, la vox populi a fait état d'un acte terroriste avant que les enquêteurs de la police criminelle n'identifient les véritables auteurs. Il s'agissait des deux neveux du père de la famille décimée. Selon les faits consignés dans l'arrêt de renvoi, les accusés, Z. Bouchaoui et son frère Bachir, respectivement âgés de 24 et 26 ans, ainsi que leur jeune voisin M. Ouahab, (un mineur condamné à 20 de prison dans cette affaire par le tribunal compétent), ont décidé de perpétrer leur forfait le matin du vendredi 7 juillet 2000. Comme ils avaient l'habitude de se rendre souvent chez leur oncle, ils n'ont eu aucune difficulté à pénétrer dans sa maison. C'est le jeune Houari, âgé d'à peine onze ans, qui a ouvert la porte à ses bourreaux.Sans hésiter, les deux frères se sont rués sur lui et l'ont rapidement maîtrisé avant de l'égorger. Le trio infernal s'est ensuite dirigé vers le garage en sachant pertinemment que c'était l'endroit de jeu préféré du petit Bahri, âgé de huit ans et de son chien. L'enfant a été bâillonné avec du scotch d'emballage. Il a été retrouvé la tête dans un sachet en plastique. Sa mort par étouffement a été atroce. La mère, Kheïra, a été surprise dans sa chambre à coucher. Les meurtriers se sont acharnés sur elle à coups de couteau et de marteau avant qu'ils ne l'égorgent. C. Ahmed, le père, a regagné son domicile près d'une heure après le massacre de sa famille. Les auteurs lui ont ouvert la porte et l'ont accueilli avec un sang-froid désarçonnant. Du moment qu'il avait l'habitude de trouver ses neveux chez lui, il ne s'étonna pas de leur présence. Ils ont exploité l'effet de surprise pour le poignarder à plusieurs reprises avant de l'achever à la hache. Les meurtriers ont par la suite raflé un lot de bijoux et une importante somme d'argent en dinars et en monnaie étrangère. Les meurtriers, qui n'ont pas été aussitôt identifiés, ont même assisté aux obsèques de leurs victimes et les proches, les amis et les voisins de la famille leur ont présenté leurs condoléances. En se relayant à la barre, les deux frères accusés ont réfuté en bloc les griefs retenus contre eux argumentant le fait « d'avoir avoué sous la torture ». Le président du tribunal a fait remarquer à Z. Bouchaoui « pourtant la police a retrouvé vos vêtements maculés de sang de vos victimes et une partie des bijoux volés en votre possession ». L'accusé balbutie : « Je ne sais pas. J'étais à la plage avec ma petite amie ce jour-là. » Le juge rétorque :« Votre prétendue petite amie affirme dans sa déposition qu'elle vous a perdu de vue depuis plusieurs jours à l'époque des faits. » Même attitude devant le prétoire pour son frère Bachir qui déclare tout de go : « J'ai fait des aveux sous la torture, j'en garde encore les séquelles. » Le président l'observe un moment avant de lui demander : « Le juge d'instruction vous a aussi fait subir des sévices ? » L'accusé hésite avant de répondre « non, mais il m'a menacé ». Le président l'interrompt : « Vous n'êtes certainement pas conscient de l'extrême gravité de votre déclaration. Votre avocat, qui était présent, n'en a pas pourtant fait mention. » Le représentant du ministère public a mis en évidence la gravité des faits avant de requérir la peine capitale contre chacun des deux accusés. La défense a plaidé le bénéfice des circonstances atténuantes, rejeté par le jury lors des délibérations.