Le système numérique adopté cette année par le ministère de l'Enseignement supérieur pour le passage au poste de master semble contenir beaucoup de défaillances. Des centaines d'étudiants désirant poursuivre leur cursus universitaire en master se sont vu rejetés de l'accès, bien qu'ils aient rempli les conditions requises en termes de choix de la spécialité, de moyenne et autres procédures administratives et pédagogiques. Une vague de protestation s'en est suivie à travers plusieurs universités du pays, où les «recalés du système» s'en sont pris à l'administration, mettant en cause la fameuse plateforme numérique appelée «Progres». A ce jour, les choses ne sont toujours pas rentrées dans l'ordre, bien que certaines universités, à l'exemple de celle de Tizi Ouzou, aient décidé d'accepter toutes les demandes en master. Le ministère de tutelle, pour sa part, refuse d'admettre que sa plateforme, conçue initialement pour alléger les procédures et écourter les délais de traitement des dossiers, n'a fait qu'empirer la situation et retarder le démarrage dans de bonnes condition de la nouvelle année universitaire. Dans son communiqué rendu public lundi dernier, le ministère affirme que l'opération d'inscription en ligne, sur le système «Progess» a permis à quelque 151 815 étudiant de s'inscrire dans différentes spécialités, en attendant le traitement des recours déposés par le reste des étudiants refusés ou orientés vers des spécialités non souhaitées. Quant aux refus enregistrés sur la plateforme, l'administration centrale des universités les explique par le fait que beaucoup d'étudiants ont, techniquement, mal procédé à leur enregistrement (erreurs, oubli du code, cases non respectées, etc.) ou déposé des dossiers incomplets. Le ministère de tutelle rappelle, à cet effet, que les inscriptions en ligne pour le master, sur la plateforme «Progres», ont été lancées du 28 juin au 12 juillet. Elles ont été prorogées trois fois, la dernière s'est étalée du 7 au 17 septembre. L'outil numérique a-t-il réellement fait gagner du temps à l'administration ? Assurément non. Selon le coordinateur national du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), Abdelhafid Milat, «l'étude des candidatures se faisait auparavant au niveau des facultés et les résultats étaient affichés en juillet. Aujourd'hui, avec une plateforme en ligne, censée réduire le temps de traitement, un retard de 13 semaines est à déplorer». Tout en doutant de la fiabilité technique de cette plateforme, le même responsable affirme que cette plateforme a déjà montré des défaillances pour les inscriptions des nouveaux bacheliers et la gestion des transferts. «Aujourd'hui, les défauts techniques sont toujours là, puisqu'au bout de 1000 demandes le site ‘‘Progres'' devient inaccessible», dit-il. Pour lui, il est inadmissible de renvoyer les étudiants «rejetés par le système» à leurs facultés et fixer la date du 18 du mois en cours, soit demain, comme dernier délai pour les recours, précisant qu'à ce jour beaucoup d'étudiants n'ont toujours pas pu accéder à leurs résultats. Et de conclure qu'une commission d'enquête doit être mise en place «pour tirer au clair cette histoire», soulignant la nécessité de bien maîtriser les outils technologiques avant de les généraliser à l'ensemble des universités. Il faut dire que cette vague de protestations risque de s'étendre à tous les autres établissements universitaires, si cette situation n'est pas vite réglée. Lundi dernier, les étudiants des sciences de la nature et de la vie de la fac centrale ont observé un rassemblement quadrillé par les forces de l'ordre. A travers cette action qui demeure, selon eux, ouverte jusqu'à satisfaction de leurs revendications, ils rejettent les résultats des inscriptions en master qui ont débouché sur l'admission de 60 seulement sur 2000 étudiants ayant postulé pour le master, bien que beaucoup d'entre eux aient répondu aux conditions fixées par l'université d'Alger. Il en est de même pour les étudiants en licence de maths et d'informatique, de la fac centrale d'Alger, toujours, qui ont protesté contre leur exclusion du master de cette filière. Ces étudiants affirment que seulement 25% ont obtenu le droit d'accéder au master, et ce, sans qu'un concours soit organisé. Au vu des circonstances, l'on s'attend à ce que les protestataires à travers les différentes universités du pays durcissent leur action, à moins que la tutelle daigne intervenir pour apaiser la situation.