L'affaire avait suscité une grande émotion en France. Le 4 mars 2006, à la sortie d'une soirée arrosée dans un bar, Chaïb Zehaf, père de famille de 42 ans, était tué de trois balles, et son cousin, Nebyl Djarboua, était blessé au bras. Leur tort : être Maghrébins et avoir croisé un homme qui « avait peur » d'eux. Sans les avoir jamais vus auparavant. Les jurés ont eu la main lourde : 25 ans de prison pour Jean-Marie Garcia. Ils n'ont cependant pas retenu la circonstance aggravante du racisme. « Le racisme est une chose trop grave », a expliqué le juge, pour être retenue avec des preuves insuffisantes. Toute l'affaire tourne autour d'un racisme inconscient. Devant la cour, Jean-Marie Garcia a reconnu le meurtre, mais il a nié avec constance et véhémence tout penchant raciste. Il n'a jamais pu expliquer autrement que par une peur irrationnelle, puisqu'il n'était menacé ni par Chaïb Zehaf ni par son cousin, les raisons de son geste. Les mouvements antiracistes s'étaient emparés de l'affaire pour dénoncer un « arabicide » de plus. Des témoins auraient entendu le meurtrier proférer des insultes racistes pendant qu'il déchargeait un pistolet automatique Beretta 9 mm. La justice a préféré se concentrer sur l'acte lui-même. « Si votre crime n'est pas raciste, il est pire encore. Il est celui du mépris de l'autre qui est vécu comme une atteinte à votre béance narcissique. L'autre n'est plus rien dès lors que vous le percevez, rationnellement ou non, comme une agression », s'était emporté l'avocat général. La description du meurtre a permis de préciser qu'il s'agissait d'une véritable exécution. Jean-Marie Garcia avait achevé sa victime alors qu'elle se trouvait au sol. Comme dans un mauvais feuilleton de série B, il tenait son arme à la Quentin Tarrantino, en tordant son poignet. C'était la découverte à son domicile d'armes de guerre et d'une arme blanche portant une croix gammée qui avait jeté la suspicion sur la question du racisme. La partie civile joue-t-elle aussi l'apaisement ? SOS Racisme dit comprendre la position du jury. « Mais il restera des zones d'ombres sur ce dossier : Jean-Marie Garcia n'a-t-il pas tué Chaïb à cause de préjugés ? Le sentiment de peur qu'il a ressenti face à Chaïb et à son cousin n'est-il pas le résultat de ces préjugés ? Ces questions resteront en suspens pour la famille, car l'accusé n'a jamais été en mesure d'expliquer son geste ». Un meurtre gratuit, motivé par la peur ou la haine de l'autre. Un soir comme un autre, dans la banlieue lyonnaise, un homme a tué un autre, juste parce qu'il ne lui ressemblait pas.