Revenue du festival de Aïn Témouchent, dans le cadre du théâtre de marionnettes, en lauréat grâce à sa pièce Sisbène tah fel borma ma bène, la troupe de Mesrah Leil continue sur sa lancée et son ascension. La troupe propose cette fois un mélange de Hans et Gretel, un conte de Grimm et de Cendrillon de Charles Perrault, avec en toile de fond un récit, comme ceux que nous racontaient nos grands-parents durant les longues nuits d'hiver, avec la chaleur d'un hypothétique kanoun. Bagrat litama (la vache des orphelins) un conte, que des générations entières se transmettaient tels des griots, a été mis en scène par la troupe de Mesrah Eleil. Une histoire de deux orphelins très liés avec une vache qui leur servait de compagnon de jeu et de « fournisseur » de lait et de beurre. Tyrannisés par leur belle-mère pour être ensuite abandonnés par leur père, ils errèrent longtemps avant que n'intervienne le prince charmant pour le happy end. « C'est une autre expérience pour nous, après Rabah ou lekleb tnabah, dans la mesure où ce n'est que la deuxième fois que nous nous adressons à un public adulte », nous dira Yacine Tounsi, réalisateur et scénariste de la pièce, en plus d'être le président de l'association. C'est aussi la première fois qu'une œuvre de Mesrah Eleil réunit autant de comédiens, neuf au total, pour une pièce qui durera une heure quinze minutes. La palme de l'interprétation reviendra encore une fois à Daoudi Serhane qui se surpassera comme d'habitude, aidé en cela par sa sœur dans la pièce, la novice Samia Tabouche qui s'en tirera avec les honneurs. Le jeu dépouillé des comédiens apportera la touche nécessaire pour que le public accroche à une histoire que pourtant il ne connaît que trop bien. Un jeu sobre et sans fioritures et où chaque dialogue trouve sa juste mesure. Il reste quand même qu'un travail supplémentaire est exigé pour le décor, trop excentré à la droite de la scène et trop souvent utilisé comme support de marionnettistes pour des interprètes qui n'en avaient pas besoin. Mais il reste que Bagrat litama, et vu l'accueil du public et l'expérience de la troupe de Mesrah Eleil, est promue à un bel avenir, tout comme Sisbène tah fel borma ma bène, Rabah ou lekleb tnabah et que le travail de prospection des histoires du terroir de Tounsi et de son équipe continuent pour la plus grande joie des enfants et… des adultes.