Le Syndicat national des travailleurs de la formation professionnelle (SNTFP) attend depuis le 25 août 2002 son agrément. Harassés et lassés par le mépris et les tergiversations du ministère du Travail, les membres fondateurs de cette organisation syndicale ont décidé en 2008 de déposer plainte auprès du Bureau international du travail (BIT), instance compétente en la matière. Dans une lettre adressée hier à la directrice adjointe du département des normes internationales du travail, responsable de la liberté syndicale au Bureau international du travail, Djilali Oukil, président du syndicat, a expliqué dans le détail la genèse de l'affaire tout en demandant cette fois-ci au BIT d'agir en prenant la décision qui s'impose. M. Oukil est convaincu que le pouvoir algérien ne veut pas d'un syndicat autonome qui peut concurrencer l'UGTA. « Nous avons voulu créer un syndicat autonome pour défendre nos intérêts et ceux des travailleurs qui ne se reconnaissent pas dans l'UGTA. Nous ne voulons plus que l'UGTA parle en notre nom, apparemment cela n'a pas plu aux responsables en haut lieu », a souligné le président du syndicat, qui estime que le pouvoir tente de politiser leur affaire. « On nous a clairement fait savoir que notre dossier remplit les critères et répond aux normes, mais pour nous remettre notre agrément, on nous demande, depuis plus de six ans, de patienter. Pourquoi ? Que devons-nous attendre ? », s'est interrogé M. Oukil, qui pense que le pouvoir est contrarié du fait de la naissance d'un autre syndicat revendicatif qui n'est pas à sa solde. Rappelons qu'en date du 25 août 2002, le SNTFP a déposé une demande d'agrément auprès des services du ministère du Travail. Ces derniers, après vérification du dossier, ressaisissent les concernés en leur demandant de revoir leur statut et de compléter le dossier des membres fondateurs de cette nouvelle structure syndicale. Le syndicat s'exécute. UNE EQUIPE DU BIT BIENTÔT À ALGER Malgré cela, l'agrément n'arrive toujours pas. Inquiet, le syndicat adresse plusieurs correspondances au ministère du Travail qui a fait malheureusement la sourde oreille en se confinant dans un silence assourdissant. Face à cette situation des plus méprisantes, le syndicat change de stratégie en décidant de demander carrément audience en date du 18 novembre 2006 au chef de gouvernement de l'époque, Abdelaziz Belkhadem, puis le 16 mars 2007 au président de la République, mais aucun des deux n'a daigné répondre aux missives désespérées du syndicat. Ne se faisant plus d'illusion et se sentant lésé dans son droit, le syndicat ne compte pas jeter l'éponge et baisser les bras, bien au contraire, en septembre 2008, il change encore de cap et saisit le BIT. Cette instance suprême interpelle le gouvernement algérien à deux reprises sur cette affaire. Le ministère du Travail réagit alors en demandant encore une fois au syndicat de compléter le dossier en introduisant une assurance, chose faite mais point d'agrément. « Le secrétaire général auprès du ministère a daigné enfin nous recevoir pour nous confirmer tout simplement que notre dossier est conforme avec les textes de lois mais qu'il fallait encore patienter ! Sans plus de précisions ! Ceci explique qu'il n'y a pas une volonté de la part du ministère de régler notre affaire », a souligné M. Oukil, qui dénonce le comportement négatif du département de M. Louh. Un département qui ne s'appuie sur aucun argument fondé pour expliquer son attitude. De ce fait, le syndicat a sollicité hier le BIT en sa qualité d'instance compétente pour se plaindre, contre le ministère du Travail, auprès du tribunal administratif international et ce, conformément au contenu de la convention n°87 relative à la liberté syndicale ratifiée par l'Algérie en 1962 et le décret présidentiel algérien n°07/12 du 14 janvier 2007 portant ratification par l'Algérie de l'instrument pour l'amendement de la constitution de l'organisation internationale de travail adopté à Genève le 19 juin 1997. Cependant, avant d'entamer cette procédure, le BIT va au préalable envoyer une équipe en Algérie pour essayer de comprendre les dessous de cette affaire.