Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a exhorté, hier à Alger, les établissements bancaires à développer des produits d'épargne ciblés, susceptibles de contribuer à la bancarisation de flux monétaire circulant hors du circuit bancaire. «Le développement de l'épargne des ménages a toujours été soutenu par les pouvoirs publics en Algérie, par la mise en œuvre de multiples mesures d'encouragement. Néanmoins, le volume de l'épargne collecté dépend aussi d'autres facteurs qui affectent la situation financière et patrimoniale des ménages», a estimé le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, lors d'une rencontre-débat sur l'épargne et l'inclusion financière, organisée par l'Association des banques et établissements financiers (Abef). Selon le ministre des Finances, les données statistiques sur la collecte de l'épargne en Algérie indiquent une évolution de 1662 milliards de dinars en 2013, 2089 milliards de dinars en 2016 et 2138 milliards de dinars en 2017. « Cette relative stagnation de l'épargne ces deux dernières années (2016 et 2017) doit nous interpeller pour améliorer davantage notre offre. Dans ce contexte, il appartient à toute la communauté bancaire de développer les produits ciblés et un argumentaire adapté pour maintenir et renforcer la dynamique vertueuse de l'épargne bancaire», a ajouté Abderrahmane Raouya. Celui-ci met en avant la nécessité de la sensibilisation à l'épargne afin de « permettre d'intégrer progressivement dans le système financier une partie non négligeable des flux monétaires circulant hors circuit bancaire». «Le développement des produits d'épargne spécifiques par les institutions financières permettra sans nul doute d'atteindre cet objectif», a-t-il noté. A ce titre, le ministre des Finances a annoncé l'installation d'un Observatoire national de l'épargne. Cet observatoire, composé des représentants des banques, des assurances et du monde académique, «vise à approfondir la compréhension des déterminants et des enjeux économiques de l'épargne» et servira de «force de propositions concernant l'innovation sur les produits à mettre sur le marché, en couvrant notamment les aspects conceptuels, réglementaires et fiscaux», a-t-il expliqué. Le comité technique mixte de l'Observatoire national de l'épargne a souligné que l'amélioration de l'offre d'épargne bancaire passe par la simplification de l'accès à l'épargne, le développement de l'épargne à terme et le développement des produits d'assurance vie, et de produits conformes à la loi islamique. De son côté, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a estimé que le marché informel pèse 4800 milliards de dinars. Selon lui, les petites épargnes des ménages, qui échappent aussi au circuit officiel, totalisent un montant de 2000 milliards de dinars. Pour drainer ces flux, il a plaidé en faveur de la diversification et la modernisation des services bancaires. Le gouvernement avait déjà lancé, sans succès, des opérations de bancarisation des flux informels. Au sujet de la finance islamique, Mohamed Loukal a fait savoir que la place financière sera dotée, avant fin 2018, d'un règlement qui permettra de commercialiser des produits conformes à la loi islamique. «Le règlement sera promulgué courant novembre et les banques qui se sont déclarées aptes et prêtes à commercialiser ce produit pourront le faire», a-t-il conclu.