Lors des travaux d'un symposium sur la place financière algérienne et les produits bancaires et d'assurances, le Gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a fait savoir, hier, que la BA a mis, à travers une récente instruction adressée aux banques de la place, "une frontière imperméable" entre la collecte des ressources, qui devrait être l'objectif essentiel des banques, et le renseignement financier qui doit être du ressort exclusif des instances concernées et non pas une prérogative des banques. "Nous avons (BA) dressé une frontière imperméable entre la collecte de la ressource et le renseignement financier: la collecte de la ressource est du ressort des banques, le renseignement financier est du ressort d'autres instances qui doivent agir en toutes circonstances", a-t-il affirmé. En matière d'inclusion financière, "il y a eu beaucoup de tentatives mais qui ont été sans grand succès. L'inclusion financière est restée timide. J'étais dans une banque commerciale et je parle en connaissance de cause: Le système bancaire s'est enfermé dans une situation qui l'a amené, en voulant développer du zèle dans la loi sur la lutte anti-blanchiment, à aller à l'encontre de cette loi", a-t-il expliqué devant les participants, en présence du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya. Cette situation a empêché les banques de jouer leur rôle de collecte de ressources, a-t-il affirmé. Ainsi, la BA s'est récemment concertée avec les P-dg des banques et a promulgué une instruction "qui devrait libérer les banques de cette contrainte", a-t-il poursuivi. Cette instruction invite les banques, "qui sont même passées à interroger leurs clients sur l'origine des fonds et l'objet de leurs opérations", à se focaliser sur la collecte de l'épargne, selon M. Loukal. A titre d'exemple, "un client d'une agence depuis 20 ans a vendu un bien immobilier. En se présentant chez sa banque avec un chèque pour le verser dans son compte, on lui demande l'objet de l'opération", a rapporté le Gouverneur en faisant remarquer que la loi interdit ces "dérives". "On touche pratiquement à la dignité du client lorsqu'on lui demande l'objet de l'opération", a-t-il poursuivi. M. Loukal a saisi l'occasion pour inviter les banques à développer un programme en matière "d'agressivité commerciale" de façon à "récolter le maximum de la masse fiduciaire qui se trouve en dehors du circuit bancaire". Sur une masse monétaire en circulation de 14.000 milliards de dinars (mds de DA), il y a 4.780 mds de DA qui n'intègrent pas le circuit bancaire dont 1.500 à 2.000 mds de DA thésaurisés chez des particuliers et le reste irrigue le marché informel, a-t-il rappelé.