Les relations interpalestiniennes, déjà marquées par de récurrentes rivalités allant jusqu'à l'affrontement armé, traversent une nouvelle fois une passe difficile, car cette fois, il y a une fracture entre le Hamas et le Fatah, ou plus généralement l'OLP, qui continue à exister et depuis peu entre Ghaza, sous l'emprise du premier, et la Cisjordanie où se trouvent l'essentiel des institutions palestiniennes. La guerre lancée par Israël contre ce territoire a davantage creusé ces clivages. Et là aussi l'opinion palestinienne a droit à un discours fait de surenchères et de légitimité, le président de l'Autorité palestinienne n'en ayant plus depuis la fin de son mandat le 9 janvier dernier. Selon le Hamas, bien entendu, qui considère cette question de légitimité réglée, en ce qui le concerne, en revendiquant la victoire face à la déferlante israélienne. C'est pourquoi, il se considère donc bien placé pour rejeter d'une certaine manière l'appel du président Mahmoud Abbas, lequel avait déclaré qu'il n'y aura « pas de dialogue avec ceux qui ne reconnaissent pas l'OLP » (organisation de libération de la Palestine). Et en guise de réponse, le Hamas, puisqu'il est en fait visé, fait savoir qu'il veut « une restructuration immédiate » de l'OLP. C'est ce qu'a déclaré, hier, un des responsables du mouvement islamiste palestinien. Oussama Hamdane, le représentant du Hamas à Beyrouth, a accusé le président palestinien, Mahmoud Abbas, d'entraver un accord de 2005 qui aurait permis l'intégration des islamistes au sein de l'OLP. « Nous voulons une application immédiate de l'accord de 2005 pour une restructuration de l'OLP afin d'y intégrer le Hamas et le Jihad islamique », deux mouvements islamistes qui n'en font pas partie, a-t-il dit. Cet accord « prévoyait la mise en place d'un comité sous la présidence de Mahmoud Abbas pour décider de la restructuration de l'OL,P mais il a refusé de convoquer une seule réunion de ce comité et c'est lui qui a entravé le processus », a-t-il ajouté. M. Hamdane a estimé que « l'Egypte assumait une part de responsabilité, car elle n'a pas fait pression sur Abbas pour l'application de l'accord conclu sous ses auspices en 2005 au Caire ». M. Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a affirmé, dimanche au Caire, qu'aucun dialogue sur la réconciliation interpalestinienne n'aurait lieu « avec ceux qui ne reconnaissent pas l'OLP ». Il faisait ainsi allusion à l'appel lancé la semaine dernière par le chef du bureau politique en exil du Hamas, Khaled Mechaâl en faveur d'une nouvelle structure représentant « le peuple palestinien à l'intérieur et dans la diaspora ». L'OLP, dirigée par le président Mahmoud Abbas également chef du Fatah, regroupe les principaux mouvements nationalistes palestiniens et chapeaute l'Autorité palestinienne. Les responsables égyptiens ont proposé la tenue, le 22 février au Caire, d'une conférence pour lancer un processus de réconciliation interpalestinienne. Cette réunion doit déboucher sur la mise en place de quatre comités pour discuter de la formation d'un gouvernement d'entente nationale, de la date et des modalités des élections présidentielle et législatives dans les territoires palestiniens, de la refonte des services de sécurité ainsi que de la restructuration de l'OLP. M. Hamdane a affirmé que la question de la restructuration de l'OLP n'était « pas liée » aux négociations qui doivent reprendre, aujourd'hui, entre une délégation du Hamas attendue, hier au Caire, et les responsables égyptiens sur la trêve à Ghaza L'annonce de Khaled Mechaâl compromet sérieusement les chances de succès du dialogue interpalestinien. « Il n'y aura pas de dialogue avec quiconque rejette l'OLP », a affirmé M. Abbas dimanche soir au Caire, alors qu'à Téhéran, M. Mechaâl était reçu par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khameneï. A la veille de sa diatribe contre l'OLP, M. Mechaâl et d'autres chefs de factions palestiniennes ont été reçus par le président syrien, Bachar al Assad, qui les a exhortés à « exploiter politiquement la victoire de Ghaza ». Le porte-parole du Fatah, Ahmad Abdelrahmane, a dénoncé, sans toutefois citer la Syrie, une « basse interférence dans les affaires nationales palestiniennes » et appelé « ceux qui complotent contre nous dans telle ou telle capitale à retrousser les manches et à résister pour libérer leur terre », une allusion au plateau du Golan syrien conquis par Israël, un front calme depuis 1973. Pour Zakaria al Qaq, expert en relations internationales à l'université Al Qods « les divisions palestiniennes font le jeu d'Israël, puisque l'absence d'une direction palestinienne unifiée lui donne un prétexte pour ne rien céder dans les négociations de paix », a-t-il souligné. Et c'est une réelle évidence. les divisions n'ont jamais été aussi profondes depuis l'émergence sur la scène palestinienne du mouvement Hamas. Car l'histoire des divisions est bien ancienne. En tout cas, elle remonte à bien des années avant même la création de ce mouvement et les Palestiniens en payent le prix.