Le Parlement et le Conseil d'Etat libyens sont tombés d'accord sur un Conseil présidentiel de trois membres, au lieu de neuf, en charge de la transition politique, et un gouvernement technocrate pour améliorer la vie courante des Libyens. Le passage à l'acte pose des interrogations. Comme toujours ! L'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a reçu l'accord du Conseil de l'Etat sur les propositions du Parlement concernant l'amendement de l'Accord de Skhirat de décembre 2015. Les deux corps législatifs en Libye, Parlement et Conseil de l'Etat, sont tombés d'accord pour réduire la composition du Conseil présidentiel de neuf à trois membres. Le nouvel accord prévoit également d'installer un gouvernement de technocrates, indépendant du Conseil présidentiel, qui se concentrera sur l'amélioration de la vie courante des Libyens. Le Conseil présidentiel prendra en charge, pour sa part, la finalisation de la transition politique.En réponse aux questions d'El Watan, le député Abdessalem Nassia, président de la commission parlementaire de dialogue avec le Conseil de l'Etat, s'est montré satisfait de l'accord obtenu et a exprimé son souhait de voir les deux institutions «choisir des éléments en mesure de diriger le pays dans cette phase difficile nécessitant l'unification des institutions de l'Etat, la préparation des élections et la limitation de l'intervention étrangère en Libye». Concernant l'exécution de cet accord, M. Nassia a précisé que «notre prochain objectif, c'est l'établissement d'un calendrier précis (lieux et dates) pour l'élection des membres du Conseil présidentiel, l'adoption de l'amendement de l'annonce constitutionnelle gérant la Libye et le lancement des tractations pour le gouvernement de technocrates». L'accord obtenu converge, par ailleurs, avec la déclaration de Berlin sur la Libye, le 30 octobre, en marge de la tenue du G20 Afrique et en présence de Fayez Al Sarraj, président du Conseil présidentiel, Salah Aguila, président du Parlement, Khaled Mechri, président du Conseil de l'Etat et du maréchal Khalifa Haftar. La déclaration – ayant obtenu l'approbation claire, mais verbale, des belligérants libyens – s'engage à tenir des élections parlementaires, le plus tôt possible, et s'oblige à respecter ses résultats. La déclaration annonce la réouverture des registres d'inscription des électeurs et les belligérants libyens promettent de travailler sur l'amélioration des conditions générales pour la tenue des élections. Cette percée n'empêche pas de rappeler que les dépassements des milices armées continuent à inquiéter la mission de l'ONU en Libye. Sa déclaration de presse, publiée jeudi, déplore l'utilisation de la force par ces milices, en faisant peur aux employés dans les établissements publics pour accéder à leurs ressources financières. La déclaration cite des dépassements enregistrés à la banque El Amen, l'agence La touristique et la Société arabe libyenne des investissements extérieurs. En conclusion, la mission onusienne appelle le Conseil présidentiel à l'application des nouvelles dispositions sécuritaires stipulant de remplacer les milices armées par des éléments de l'armée régulière et la police. Doutes Or, des informations récurrentes insistent sur le fait que lesdites milices n'ont fait que changer d'uniformes, en arborant ceux de l'armée ou de l'une des unités de la police. Une source requérant l'anonymat affirme ainsi que c'est la milice d'Abou Slim qui s'est installée à l'aéroport international, alors que c'était l'Escadron 301 Halbouss de l'armée de terre qui était annoncé dans cette zone. Même chose pour la société des investissements extérieurs à Tripoli, qui a été envahie par la milice Nawassi, alors que les nouvelles dispositions sécuritaires prévoient qu'elle soit protégée par la police. Il est donc clair que le pouvoir politique ne parvient pas encore à imposer ses directives sur le terrain, en rapport avec ces milices armées, dans l'Ouest libyen, notamment à Tripoli. Le défi le plus difficile de la crise libyenne, c'est la réussite de la réinsertion de ces milices. «S'il est difficile pour la majorité de leurs éléments de déposer les armes, ils peuvent faire des sessions de formation dans l'une des académies militaires et s'engager dans l'armée, comme l'a fait Haftar à l'Est», propose le politologue Ezzeddine Aguil.