Le comité restreint du dialogue libyen reprendra ses travaux à partir d'aujourd'hui à Tunis pour amender l'accord de Skhirat. Ledit comité est composé de six membres représentant le Parlement libyen, basé à Tobrouk, et autant de représentants, nommés par le Conseil de l'Etat, basé à Tripoli. Le principal objectif des réunions de Tunis, c'est d'avancer sur les trois questions encore en litige dans l'amendement de l'accord de Skhirat, à savoir l'article 8 portant sur l'autorité de nomination du commandant général de l'armée, la recomposition du Conseil de la Présidence en le ramenant à un Président et deux vice-présidents, ainsi que le projet de la Constitution. Le président de la commission du dialogue au Parlement, Abdessalem Nassia, a expliqué, à El Watan, que l'actuelle formule de l'article 8 de l'accord signé au Maroc en décembre 2015 stipule que «c'est le président du Conseil de la présidence du gouvernement de réconciliation qui est le chef suprême de l'armée». Mais, a ajouté le député, les représentants de l'Est libyen et les partisans de Khalifa Haftar ont refusé cet article. C'est la principale raison ayant empêché l'obtention, par le gouvernement de réconciliation, de la confiance du Parlement, nécessaire pour exercer ses prérogatives, toujours selon Nassia. Le deuxième point de litige, prévu pour être résolu à Tunis, c'est la recomposition du Conseil de la présidence du gouvernement de réconciliation. La députée Saltana Mismari, membre du comité du dialogue nommé par le Parlement, a expliqué, à El Watan, que la proposition à examiner, est la formule d'un conseil de la Présidence, formé d'un président et de deux vice-présidents. Lequel conseil est chargé du suivi de la transition jusqu'aux élections. Il propose l'équipe gouvernementale sans en faire partie. L'équipe gouvernementale est essentiellement composée de technocrates qui veillent, chacun dans son département, à améliorer le quotidien des Libyens. La confiance du Parlement est nécessaire aussi bien pour le Conseil de la présidence que le gouvernement. Mismari rappelle que l'actuel Conseil est formé de 9 membres, dont le président, qui est également chef du gouvernement, et trois vice-présidents. Ledit Conseil de la présidence s'est rarement réuni au complet, sous la présidence de Fayez Al Sarraj, le président nommé dans la foulée de l'accord de Skhirat. Le gouvernement désigné par Al Sarraj n'a pas obtenu la confiance du Parlement de Tobrouk. Le troisième point à l'ordre du jour des réunions de Tunis, c'est le projet de Constitution, approuvé par l'instance de la Constitution à la majorité requise des deux-tiers, comme le stipulent les réglementations provisoires. Toutefois, ce projet de Constitution est rejeté par les minorités touareg, amazigh et teboo. Plusieurs personnalités libyennes considèrent l'élément «compromis» absent de ce projet. La logique de la majorité l'a emporté sur la logique du compromis, ce qui a énervé les minorités et, même, certains représentants de l'Est et du Sud libyens. Les réfractaires considèrent que leurs régions sont marginalisées et ne bénéficient pas des richesses de leur pays. Fortes tensions Les observateurs sont unanimes pour dire que le bruit des armes a baissé en Libye, après la chute de Syrte et le nettoyage de Benghazi des éléments de l'ISIS (Daech) et ses alliés. Toutefois, des foyers de tension persistent à Derna, 300 kilomètres à l'est de Benghazi et Sabratha, 100 kilomètres à l'ouest de Tripoli, pas loin de la frontière tunisienne. Des groupes armés de la mouvance radicale sont traqués par l'armée régulière libyenne, qui leur demande de remettre leurs armes lourdes. Pas plus tard que la semaine en cours, Sabratha a connu des combats entre la milice 48, connue pour sa connivence avec ISIS, et des éléments de l'armée qui leur reproche leur implication dans l'immigration clandestine, en plus de leur extrémisme. Du côté de Tripoli, des appels à manifester sont lancés pour aujourd'hui. Un certain Abdelbasset Guetit, nom proposé un moment pour présider le gouvernement, appelle à une grande manifestation pour la paix et contre les autorités en place. Il réclame, de toute urgence, l'amélioration du vécu des citoyens. Guetit est opposé aussi bien à Khalifa Haftar qu'à Fayez Al Sarraj. Il les accuse d'être derrière l'aggravation de la crise en Libye. Mais les observateurs doutent de l'impact de cette personnalité sur le cours réel des événements.