La réaction du ministère de l'Education nationale intervient après le dernier mouvement des lycéens et collégiens de Kabylie, qui ont décidé de boycotter, à travers certains établissements, les cours d'arabe pour protester contre la non-généralisation de l'enseignement de tamazight, qui reste facultatif. Le mouvement des élèves en Kabylie a fini par faire réagir la ministre de l'Education nationale. Dans un communiqué rendu public, hier, sur le réseau social Facebook, le département de Nouria Benghebrit défend sa stratégie d'enseignement de la langue amazighe et rappelle les efforts engagés par les pouvoirs publics pour sa promotion à travers le territoire national. Le ministère affirme ainsi s'atteler à faire de tamazight une langue «à part entière» du paysage éducatif national, précisant que des efforts «importants et continus» ont été engagés pour la promotion de l'enseignement de cette langue. Tout en rassurant la communauté éducative, le ministère commence par préciser que le socle législatif de la langue amazighe est assuré aujourd'hui au niveau le plus élevé de nos textes : la Constitution. Le ministère précise dans ce sillage que la constitutionnalisation par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, de tamazight en tant que langue nationale et officielle est un «acquis national». La réaction du ministère de l'Education intervient après le dernier mouvement des lycéens et collégiens de Kabylie, qui ont décidé de boycotter, à travers certains établissements, les cours d'arabe pour protester contre la non-généralisation de l'enseignement de tamazight, qui reste facultatif. Le mouvement des lycées, qui a connu ces derniers jours un reflux, vient en réaction à certains propos repris dans des médias, où des parents d'élèves s'étaient exprimés contre l'enseignement de tamazight. Le ministère de l'Education rappelle que depuis 2014 l'enseignement de cette langue «connaît une dynamique soutenue pour sa généralisation et son élargissement, comme cela est clairement stipulé dans la circulaire-cadre de cette année scolaire 2018-2019». Parmi les réalisations, le ministère a cité l'élargissement de l'enseignement de tamazight de 11 wilayas en 2014 à 43 wilayas cette année, l'élaboration de manuels en caractères arabes, tifinaghs et latins ainsi que des anthologies littéraires scolaires de tamazight, affirmant que toutes les demandes pour l'ouverture de classes dans cette langue ont été satisfaites. Eviter la surpolitisation des langues Le communiqué précise que le ministère «fait de l'extension au plan territorial et de la maîtrise pédagogique de l'enseignement de la langue amazighe l'une de ses grandes priorités». «Le temps aujourd'hui est au travail pédagogique sur le terrain. Il faut aujourd'hui assurer la continuité dans l'encadrement des enseignants par une formation de qualité pour faire que sur le terrain cette langue, dans sa diversité, prenne la place qui lui revient, c'est-à-dire langue nationale et officielle», précise le ministère, signalant que «personne n'a intérêt à instrumentaliser l'école ou surpolitiser la question des langues». Faisant allusion aux difficultés liées à l'apprentissage de la langue amazighe et aux résistances dans certaines régions du pays que certains médias ont rapportées, le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, a précisé, en marge du colloque Syphaxe (23 septembre), que les enseignants doivent «s'adapter» à la réalité du terrain, particulièrement dans les régions non amazighophones. M. Assad propose l'organisation d'opérations de jumelage entre des écoles des régions arabophones et celles amazighophones, ce qui permettra, argue-t-il, à des enfants de connaître d'autres régions, à l'exemple d'Illizi, dans le grand Sud. Il précise que jusqu'à 2014, 34 sessions de formation ont été organisées avant que le ministère de l'Education nationale ne prenne le relais. «La ministre de l'Education a parlé de 2018-2019 comme l'année de la formation. Le HCA s'implique financièrement et à travers la formation», relève le secrétaire général du HCA, qui met en avant la nécessité de renforcer la formation des enseignants, dont la première promotion de l'Ecole normale supérieure (ENS) permettra à l'avenir d'avoir des enseignants es qualité, alors que jusque-là les enseignants étaient issus des quatre départements de langue amazighe (Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Batna) ou encore du mouvement associatif. Le ministère de l'Education en appelle, dans son communiqué, «à la générosité et à l'engagement traditionnel des enseignants pour rattraper les cours perdus par les élèves des établissements ayant connu une perturbation».