La flânerie s'épanouit sur le boulevard Front de mer quelques instants après que le crépuscule eut teinté en ocre le paysage. Du haut d'un monticule de la montagne Murdjadjo, trône majestueusement la statue de la sainte vierge Marie, illuminée par des reflets multicolores et semble contempler le va-et-vient incessant comme le ressac des vagues des badauds le long de ce boulevard, joyau de la cité de Sidi El Houari. La coupole du mausolée Sidi M'hamed Benaouda, située sur un talweg verdoyant, semble délimiter la rituelle promenade du soir. Durant la saison estivale, notamment cette longue artère surplombant le port d'Oran, jalonnée d'un côté de somptueux buildings et d'un autre côté d'une rangée de candélabres et d'arbres centenaires d'origine inconnue, est devenue le lieu privilégié des familles oranaises ainsi que d'estivants venus de différentes contrées du pays, en quête de fraîcheur. Les crémeries et autres salons de thé essaimés sur ce boulevard demeurent ouverts jusqu'à l'appel de la prière du fedjr. Une ambiance chaleureuse règne sur ces lieux qui ont été fixés par des photographes professionnels sur des cartes postales ayant fait presque le tour du monde. En raison de la grande affluence que connaît ce boulevard à cette époque de l'année, des patrouilles de police pédestres ont été affectées pour assurer la sécurité du citoyen. Une sûreté urbaine de police a été également installée quelques années auparavant. Le boulevard Front de mer est devenu au fil du temps également un passage obligé pour les cortèges nuptiaux, les klaxons des véhicules et les groupes de troubadours accompagnant généralement ces cortèges, donnent une certaine note d'ambiance supplémentaire. «Pour chasser les mauvais esprits, le cortège nuptial longe à trois reprises le mausolée Sidi M'hamed Benaouda avant de se diriger vers le quartier de Choupôt où il fait le tour de la qobba de Sidi El Hasni. C'est un rituel pratiqué par de nombreuses familles oranaises», a confié un vieux oranais, avant d'ajouter: «J'ai eu à le faire lors de mon mariage qui remonte à 25 ans». Depuis la réception de l'hôtel Sheraton et avec la sécurité qui règne dans ses alentours immédiats, nombre de familles s'installent sur les espaces verts s'étendant en face de cet établissement pour un pique-nique. Les grappes de personnes, jeunes et moins jeunes s'y installent pour goûter à la fraîcheur du soir tout en conversant autour d'un sujet d'actualité. De temps à autre un véhicule de police passe à vitesse réduite à hauteur de cet espace vert. Les policiers veillent à la sécurité de ces familles qui apprécient leur présence. «Les lieux sont dé-sormais bien sécurisés. Avant, c'était un coupe-gorge et on ne pouvait s'y aventurer», a souligné une mère de famille qui fréquente périodiquement le boulevard. «J'adore m'y promener chaque soir avec ma famille avant de faire ma petite halte à hauteur de la qobba de Sidi M'hamed Benaouda, Front de mer, ce n'est uniquement pas la flânerie c'est également le lieu de prédilection d'une multitude de revendeurs à la sauvette de cacahuètes, de pépites et autres friandises». Les photographes ambulants mettent à profit l'affluence caractérisant cette période de l'année pour offrir leurs services aux promeneurs. «C'est la meilleure saison de l'année. Je gagne beaucoup par rapport au reste de l'année», a fait remarquer un jeune photographe qui fréquente régulièrement le boulevard du Front de mer, un pan de l'histoire de la ville d'Oran, chanté par des cheikhs et par ceux qui l'ont un jour visité.