L'opération d'expropriation concernant les terrains sur lesquels sera construit le Village numide a commencé samedi dernier. Les services de la wilaya ont désigné un conservateur pour enquêter sur les propriétaires et enregistrer leurs dossiers dans un délai de 15 jours. Son enquête devra être couronnée par des rapports impliquant l'identité des propriétaires et les tracés des propriétés, qui seront présentés au wali de Constantine. C'est manifestement le premier pas concret pour la réalisation du projet du Village numide autour du tombeau de Massinissa. Un projet présenté au président de la République lors d'une de ses visites et soutenu ostensiblement par l'administration locale, mais qui n'a pas manqué de soulever une vive polémique. Le village en question, conçu comme un lieu de villégiature, n'est pas, en effet, du goût de certains qui voient mal qu'un cimetière change ainsi de vocation et accueille des équipements d'attractions. Les objections formulées à plusieurs reprises lors des rencontres publiques ne semblent pas avoir produit le moindre effet. C'est comme si le débat était exclu des pratiques de l'administration, pressée de construire et de livrer des projets rien que pour consommer les enveloppes budgétaires accordées dans le cadre du plan national de la relance économique. Pourtant, un tel projet aurait dû être soumis à l'examen des spécialistes concernant l'avenir d'un monument chargé d'histoire. Une histoire qui n'a pas encore livré toutes ses pages et qui souffre toujours du poids des tabous politiques pour ainsi mériter une autre prise en charge moins populiste et consacrée à l'étude du site. D'aucuns pensent à ce sujet qu'il aurait mieux valu engager une mission de fouilles capable de faire parler la pierre et compléter les pages manquantes de notre histoire en ce qui concerne cette période. Sinon, isoler le mausolée dans un périmètre de 500 m au moins pour lui garantir la paix et planter des arbres tout autour, comme nous l'explique M. Benyahia, responsable de l'association du Vieux Rocher. Le projet retenu ne prend pas en considération ces réserves et comporte plusieurs équipements ainsi que des commerces qui vont s'étaler sur une surface de 50 ha. Une enveloppe de 188 millions de dinars lui a été consacrée et il n'est plus question de faire marche arrière.