Emmanuel Hoog est président-directeur général de l'Institut national de l'audiovisuel français (INA) et président de la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen (COPEAM), dont la 5e édition de son université s'est tenue le 7 février à Taghit (Béchar). Vous venez de présider la 5e édition de l'université de la COPEAM)dont Taghit a été l'hôte. Une première impression... La première chose, c'est de féliciter la télévision publique algérienne pour le soutien très fort et qui depuis le début porte cette université, dont c'est la 5e édition en Algérie. Ce sont 15 pays de la Méditerranée qui sont réunis, près de 80 participants ainsi que des stagiaires et des formateurs. Vraiment, c'est une réussite ! Quels sont les projets immédiats de l'université de la COPEAM ? Il y a deux projets. Le premier, naturellement, à travers la radio et la télévision, avec une innovation de cette année : internet, et ce, pour améliorer la qualité de travail des professionnels de la Méditerranée, Nord et Sud confondus. Le second projet, important, est la création d'une communauté professionnelle. Faire en sorte qu'un jeune Grec travaille avec un jeune Marocain, un jeune Algérien avec un jeune Italien... C'est absolument capital ! On est tous responsables de la construction de l'avenir des professionnels de l'audiovisuel en Méditerranée. A travers la formation... Oui, à travers la formation et puis la coopération. Il faut construire un espace audiovisuel méditerranéen. Aujourd'hui, le numérique, la concurrence et toute une série de phénomènes sont communs à l'ensemble des paysages audiovisuels méditerranéens. Il existe des problématiques communes. Il est temps qu'on trouve des réponses communes à un certain nombre de grandes questions. La coproduction, la diffusion, l'échange, la propriété intellectuelle, les normes techniques... Quelle sera l'urgence de l'assemblée générale et de la conférence annuelle de la COPEAM qui se tiendra au Caire (Egypte) du 16 au 19 avril 2009 ? Ce sera l'occasion d'adopter un programme de propositions. La première résolution sera de créer une chaîne de la Méditerranée. Ce sera un projet très fort et mobilisateur. Certainement très compliqué. Et puis, il y a deux projets en route, qu'il faut souligner, où l'Algérie joue un rôle central. C'est Euromed News, un programme réunissant une quinzaine de pays de la Méditerranée portant sur des productions, des sujets de journaux télévisés, des projets de magazines et autres documentaires ; par conséquent, créer des programmes en commun par l'ensemble des pays de la Méditerranée. C'est le programme Memmed (Mémoire et Méditerranée). C'est la création d'un portail internet où 4000 archives venant de l'ensemble des pays de la Méditerranée proposent aux internautes gratuitement une histoire partagée. La COPEAM œuvre-t-elle pour l'ouverture plurielle de certains champs médiatiques méditerranéens ? Il faut prendre les choses avec un tout petit peu de recul historique. Les paysages audiovisuels méditerranéens, à travers l'avènement du numérique créant des espaces nouveaux de diffusion, contribuent à une harmonisation audiovisuelle. Il y a 20 ans, les pays bordant la Méditerranée avaient des paysages audiovisuels très contrastés. Ils commencent à se ressembler. L'idée de créer un paysage audiovisuel méditerranéen commun et pluriel n'est pas une utopie. Vous portez une autre casquette, celle de président-directeur général de l'Institut national de l'audiovisuel, en France... L'INA a remis à l'ENTV une copie des archives audiovisuelles françaises couvrant vingt ans de l'histoire de l'Algérie. Et celles radiophoniques ? Pour la télévision, les choses sont acquises à 100% maintenant. Pour la Radio nationale, on a un programme visant à restituer 1200 documents. Une première remise a été effectuée et la convention prévoit qu'ils soient restitués totalement en 2010. J'espère même que nous irons plus vite que les termes de la convention. La teneur des archives est-elle exhaustive par rapport aux documents portant sur la guerre d'Algérie ? On a pris la photocopie simple et tout ce qu'on avait référencé sur l'Algérie. Même les sujets qui « fâchent » sur la guerre d'Algérie... On a tout ce qui a été diffusé à la télévision française. Nous sommes responsables de la télévision et de la radio (archives). Il n'y a pas d'archives (militaires) de la guerre d'Algérie... Non ! L'INA a en copie tout ce qui a été diffusé à la télévision et à la radio françaises. C'est cela que l'INA a en sauvegarde.