Auteur, comédien et metteur en scène, Omar Fetmouche, connu pour ses travaux d'adaptation et de mise en scène de plusieurs pièces de théâtre du répertoire national et international, telles que Hzam el ghoula, (d'après La quadrature du cercle de kataev ex-URSS), Rdjal yahlalef (Rhinocéros d'Eugène), Fatma N'soummer, Le fleuve détourné (Rachid Mimouni) et Wouhouche.com, fait dans cet entretien l'état des lieux du théâtre algérien et dévoile ses projets à la tête du TR de Béjaïa. Comment se porte, en 2009, le 4e art en Algérie ? Nous n'avons pas, jusqu'à maintenant, institué un théâtre typiquement algérien. Il ne faut pas se leurrer. Un grand pays comme la France a mis un siècle et demi pour instituer un théâtre. En Angleterre aussi et un peu partout. Dans les pays scandinaves, les gens sont à la recherche de ce qu'ils peuvent appeler les spécificités théâtrales d'autant plus qu'avec l'histoire des dialogues des civilisations, il faudrait qu'on se démarque avec notre propre théâtre, en tant qu'Algériens. Qu'a-t-on fait jusqu'à maintenant de tout notre patrimoine culturel ? Il s'est avéré qu'en France et dans les pays européens en général, les Occidentaux sont en train d'utiliser nos traditions et notre authenticité historique comme étant des éléments de beauté et d'esthétique théâtrale, alors que nous, on les a négligés complètement. Il y a un regard très important à faire de ce côté là. Quel regard portez-vous sur le théâtre d'expression amazighe ? Comme le théâtre algérien d'une manière générale, le théâtre d'expression amazighe est en mutation positive. Pourquoi ? Parce que là, on commence juste à mettre les premiers jalons sur des bases intéressantes, car il y a un souci de formation qui est en train d'émerger à travers tous les jeunes qui pratiquent le théâtre dans cette langue. Il ne faut pas oublier qu'il y a un travail qui a été fait par le théâtre Kateb Yacine en matière de formation. A Béjaïa aussi, des efforts ont été consentis en matière de dramaturgie, de mise en scène et de formation des comédiens pour bientôt. Je pense que de ce point de vue, le théâtre d'expression amazighe a la chance de commencer avec les reliquats des problèmes et des insuffisances du théâtre algérien de manière générale. C'est-à-dire, il prend le relais au moment où le théâtre algérien a commencé à faire sa mue et son autocritique. C'est à ce moment que le théâtre amazigh commence, quelque part, à se mettre en route. Il est arrivé au moment de la crise et il est obligé d'ores et déjà de se soumettre à un regard critique. De ce point de vue, c'est quelque chose de très positif. Que préconisez-vous pour la relance de la production théâtrale ? Il n'y a pas mille et une recettes. Il faut qu'on se remette à la table, la formation, la formation, la formation. Nous préconisons dans ce sens de continuer d'abord le travail d'investigation, de création artistique au fur et à mesure. Il faudrait occuper le champ théâtral. Les gens doivent manger et boire du théâtre. Parallèlement, il faut mener un travail de formation en profondeur sur les plans du lectorat, et de la mise en scène et de l'écriture dramaturgique afin de pouvoir avoir dans 3 à 4 années nos propres dramaturges, metteurs en scène et autres techniciens du théâtre. Des projets en perspective ? Oui, nous avons déjà monté une pièce pour enfants. Nous avons aussi Les vigiles de Tahar Djaout que nous allons produire à partir du mois d'avril. La mise en scène est de mon ami Hamid Aouameur, directeur du Théâtre Jean Sénac de Marseille. La scénographie sera confiée à Zaboubi. Nous comptons également adapter l'œuvre Le foehn ou la preuve par neuf de l'écrivain Mouloud Mammeri.