La décision de délivrer ces commissions à la Gendarmerie a été prise «dans le but de permettre au magistrat instructeur d'aller au fond des enquêtes dans un délai assez court. L'affaire est très grande et à chaque fois que nous avançons nous découvrons de nouvelles anomalies. Nous sommes face à une véritable boule de neige. Il fallait donc utiliser d'autres moyens pour faciliter les investigations, premières du genre dans notre pays», a déclaré notre source. Par exemple, a-t-elle ajouté, le juge a découvert jusqu'à maintenant que Abdelmoumène Khalifa possédait 13 sociétés écran qu'il finançait avec les fonds de sa banque. «Un travail de fourmis doit être fait pour découvrir qui se cache réellement derrière ces sociétés.» Toujours selon nos sources, le doyen des juges a pris en charge deux autres nouvelles affaires (sans citer lesquelles) qui viennent s'ajouter aux quatre dossiers actuellement en instruction et remis à la Gendarmerie, et aux deux autres ouverts récemment : Khalifa Télévision et Khalifa Construction. A propos des auditions des hauts responsables de l'Etat, notre interlocuteur a affirmé qu'elles se poursuivent à ce jour (hier) et qu'elles pourraient se solder par de nouvelles inculpations. Samedi dernier, a t-il précisé, le doyen des juges du tribunal de Chéraga a entendu l'ancienne directrice du service des cartes de crédit de El Khalifa Bank, Mlle Lynda Benouis, ainsi que sa mère, une ancienne hôtesse de l'air de la compagnie Air Algérie, sur une affaire de «détournement d'une somme de 100 millions de dinars, allouée par Abdelmoumène en personne sous forme de crédit bancaire». Après enquête, il s'est avéré que cet argent aurait servi, selon toujours notre source, à l'achat d'un appartement (F6) haut standing, situé au boulevard Mohamed V, à Alger, au nom de la mère de Lynda Benouis. Après avoir entendu la mère et la fille, le magistrat instructeur a inculpé puis mis sous contrôle judiciaire Lynda Benouis pour, «entre autres, corruption et abus de biens sociaux». Quant à l'appartement, le magistrat a décidé d'une mise sous séquestre judiciaire en attendant sa vente aux enchères, au cas où le montant du crédit bancaire n'est pas remboursé.