Plus de 600 personnes ont été entendues par le juge d'instruction près le tribunal de Chéraga, relevant de la cour de Blida, dans le cadre du scandale Khalifa, a-t-on appris de source judiciaire. Cette procédure, a ajouté celle-ci, concerne plus de 800 personnes et devra s'achever vers la fin du premier semestre 2005. Très attendue par l'opinion publique, la date du procès de cette affaire dépendra des cinq mandats d'arrêt internationaux. « Nous espérons que les personnes actuellement demandées par la justice algérienne, notamment Abdelmoumen Khalifa, son épouse et ses plus proches collaborateurs qui sont à l'étranger, seront extradées vers l'Algérie. Dans le cas contraire, elles seront condamnées par défaut. Dans ce cas, ça sera Interpol qui procédera à l'arrestation dès leur interception. Nous travaillons en étroite collaboration avec la justice française qui, elle, a ouvert des enquêtes sur des affaires de blanchiment d'argent. L'entraide a donné des résultats pour la justice des deux pays... », a déclaré notre interlocuteur. Selon lui, le traitement de cette affaire « avance très bien ». « D'une seule affaire El Khalifa Bank, nous sommes passés à six affaires aussi importantes les unes que les autres. Khalifa Télévision, Khalifa Airways, la station de dessalement d'eau de mer, les virements par swift, l'achat des actions dans Société Générale, Khalifa Construction, sans compter les enquêtes sur 14 filiales que dirigeait Abdelmoumen, dont bon nombre se sont avérées être des sociétés écran... » Notre source a précisé qu'à ce jour, une vingtaine d'inculpations ont été enregistrées, alors que cinq mandats d'arrêt internationaux ont été délivrés à l'encontre de mis en cause en fuite à l'étranger. Plusieurs personnalités se comptent parmi les inculpées parmi lesquelles, l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdelwahab Kerramane, son frère Abdenour, expert-comptable, et la fille de ce dernier, Yasmine, directrice de Khalifa Aiways à Paris et en Suisse, l'ancien ministre de l'Industrie, Ali Benouari (qui a joué un rôle important dans l'achat par Abdelmoumen des actions dans la Société Générale), Linda Benouis, directrice de la monétique et des cartes de crédit, Omar Rahal, notaire. Beaucoup d'autres personnalités, dont cinq directeurs de journaux, sont encore sur la liste du juge d'instruction pour être entendues, notamment sur les virements d'importantes sommes en devises vers des comptes à l'étranger par swift. Selon des sources judiciaires, la commission rogatoire délivrée à la gendarmerie a « avancé dans ses travaux en entendant de nombreuses personnes impliquées dans ce scandale ». Ce qui a permis d'ouvrir de nouveaux dossiers liés à des détournements dans les caisses de certaines agences El Khalifa Bank juste après la débâcle du groupe et aux cadeaux de valeur offerts par Abdelmoumen à des VIP. La liste est très longue et concerne aussi d'importantes personnalités de l'ancien gouvernement, mais également des cadres et des responsables de la Banque d'Algérie. Notre source n'a pas écarté la convocation de l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis, les jours qui viennent dans le cadre de cette affaire.