«Il faut davantage de moyens», disent-ils. M.Ghouila ne nie pas les nombreux efforts fournis par la tutelle, «mais pour pouvoir franchir le pas de la contractualisation, il faut plus», ajoute-t-il. Et pour cause, le centre de santé d'El Harrach, l'un des plus «sinistrés», selon les termes de M. Ghouila, est exposé à de nombreuses difficultés auxquelles il est difficile de faire face. D'abord la surpopulation. La commune des Eucalyptus à elle seule abrite 250 000 habitants, chiffre enregistré en 2002, dernier recensement en date. Il faut savoir que trois communes, toutes aussi peuplées, sont rattachées au secteur sanitaire d'El Harrach : les Eucalyptus, Dar El Beïda et Oued Smar. Des communes dont la population est «particulièrement vulnérable». La commune des Eucalyptus a été fortement touchée par «la décennie noire». Les médecins parlent de traumatismes, de fragilité psychologique et physique. A Oued Smar, c'est la décharge publique qui est source de maladies. Mais El Harrach, c'est aussi un carrefour. Beaucoup de personnes y sont de passage. Le marché de Boumati attire des centaines de visiteurs par jour. Sans compter les étudiants qui fréquentent les nombreux instituts et cités universitaires. Et puis il y a aussi toutes ces personnes qui viennent rendre visite aux détenus de la maison d'arrêt. D'ailleurs, la santé des prisonniers dépend également des structures sanitaires d'El Harrach. Souvent des prisonnières sont escortées à la maternité de Hassan Baddi (ex-Belfort). Pour quelques heures seulement. Juste le temps de mettre au monde leur enfant. A cause de tous ces afflux, la tâche du personnel hospitalier devient encore plus difficile. Mais cette surpopulation, le personnel accepte de faire avec. Ce qui devient très problématique et fait réagir M. Ghouila : «Ces gens dépendent en réalité d'autres secteurs mais ils viennent chez nous.» Le directeur du secteur sanitaire d'El Harrach parle de 56% d'admis hors secteur. Les patients y sont évacués simplement parce que, faute de moyens, les hôpitaux ou polycliniques de leur région ne peuvent pas les prendre en charge. 83 % des malades non assurés Et puis il y a aussi ceux qui viennent de leur plein gré à El Harrach parce qu'ils pensent trouver de meilleurs services. «Certaines femmes viennent du Sud pour accoucher à Belfort parce qu'on leur a dit que le taux de mortalité infantile est moins élevé ici», déclare une aide-soignante de la maternité. «On ne peut pas refuser des patients, surtout quand il s'agit d'une urgence, telles des femmes sur le point d'accoucher», explique M. Ghouila. «Nous les accueillons tout de même, même si nous sommes débordés. Mais nos prestations ne peuvent pas être d'aussi bonne qualité que si nous ne nous occupions que de notre secteur», justifie-t-il. Voilà les raisons principales qui préoccupent M. Ghouila, et qui donnent du fil à retordre à son équipe. Mais le directeur du centre sanitaire d'El Harrach ne manque pas d'évoquer les autres problèmes qui devraient, selon lui, être résolus après l'application de la contractualisation. «Les malades de notre secteur sont pour la plupart démunis. 83% d'entre eux ne sont pas assurés», explique M. Ghouila. L'exemple mis en avant par le directeur du secteur sanitaire d'El Harrach est celui de la dialyse. Le coût d'une séance, toutes charges comprises, s'évalue à 7000 DA. Le remboursement est de 1039 DA pour les malades assurés. Or la plupart ne le sont pas. Pour le directeur du secteur sanitaire d'El Harrach, la réforme devrait résoudre ces problèmes, tout simplement parce que «le budget de chaque secteur sera attribué selon les activités développées».