Des femmes y ayant séjourné parlent de traitement digne des geôles des grandes dictatures de ce monde. L'Etablissement public hospitalier de Bouira a été mis en service le 14 septembre 1993. Il couvre une population globale de plus de 200.000 habitants répartis sur neuf communes. Il reçoit aussi des citoyens résidant sur les limites des wilayas de M'sila et de Médéa. Disposant de 12 services d'hospitalisation, il est doté de 340 lits dont 22 relèvent du service hémodialyse et 64 places du service de maternité. Ce qui nous intéresse demeure le service de maternité. L'hôpital Mohamed-Boudiaf est doté d'un service de maternité. L'établissement et conformément à sa capacité devait être classé Etablissement hospitalier spécialisé puisqu'il dispose de 61 lits. Au lieu d'être spécialisé, ce service est devenu par la force des choses un lieu évité au maximum pour ne pas dire infréquentable. Les citoyens évitent de recourir à cet établissement qui manque de tout. «Il vaut mieux ne pas tomber malade»; cette réflexion est celle d'un citoyen rencontré au service gynécologie de l'hôpital Mohamed-Boudiaf. Dans cette enceinte sanitaire publique, rien ne ressemble à un hôpital. En plus du manque de médicaments, de l'inexistence d'une quelconque hygiène, le personnel vous reçoit et vous traite comme un vulgaire «lépreux». Les malades qui ont la malchance d'y séjourner subissent la colère de certaines infirmières qui n'ont de relation avec le métier que ce nom. Le service gynécologie de l'hôpital Boudiaf n'honore pas le secteur. Il est temps pour les responsables de réagir. L'argument du manque de spécialistes est infondé quand on sait qu'à moins de 40 kilomètres du chef-lieu, à Lakhdaria, pas moins de huit gynécologues travaillent. A Sour El Ghozlane également cinq spécialistes exercent à l'Etablissement public hospitalier. Parce qu'il n'y a pas de spécialistes, les paramédicaux et autres sages-femmes dictent leur loi. Des femmes y ayant séjourné parlent de traitement digne des geôles des grandes dictatures de ce monde. «Certaines infirmières agressent les malades et abusent d'un langage violent pour leur faire peur.» Parce que la majorité des malades viennent des villages avoisinants ces «citadines» prennent des airs et malmènent les «rurales» habituées au respect et à l'obéissance. Il y a quelques années ce service avait défrayé la chronique avec une affaire. Ces faits remontent à la nuit du 7 juillet du 2014, ce service avait enregistré le décès de trois nouveau-nés en une seule nuit. Le père de l'un d'eux avait saisi la justice. Voilà ce qu'il nous disait: «Le corps de mon enfant portait des traces. Il avait une fracture à la hanche gauche et à la nuque. Quand je l'ai lavé, ces parties étaient bleues. Il n'est pas mort-né, les échographies et le suivi d'avant l'accouchement disent qu'il se portait bien», nous confiait A. Salah. Dans sa plainte adressée au procureur de la République, le citoyen insiste sur la mauvaise prise en charge de son épouse qui aurait passé plus d'une heure avec un bébé entre les jambes puisque la tête ne sortait pas et attendait le médecin pour prescrire le médicament qui ouvrirait le col de l'utérus. Il s'agit là de cas de malades admis dans cette structure. Rencontré ces derniers jours, A. Salah nous affirme: «Si j'ai décidé de recourir à la justice c'est pour mettre un terme à des comportements irresponsables. La maternité de Bouira est une boucherie où des sages-femmes dictent leur loi. Je veux que les assassinats cessent dans cette structure et que les criminels répondent de leurs actes». Précisons qu'avant ce jour nous avons été destinataires de plusieurs réclamations quant à l'accueil au sein de cet établissement. La nouveauté depuis c'est le refus d'admettre tout simplement les patientes pour éviter ainsi les «problèmes». Dans la nuit de jeudi à vendredi, fin de semaine, Ramadhan oblige, le service était vide, deux jeunes mamans étaient obligées d'aller dans des établissements privés, l'une pour une césarienne, l'autre pour un accouchement normal. Les prétextes avancés à la face de ces patientes sont divers. «La malade peut encore attendre, il faut la ramener quand les contractions s'accélèreront», «la gynécologue n'est pas de service», «votre accouchement est risqué, ilvaut mieux aller ailleurs, ici on n'a pas les moyens»... sont autant de réponses utilisées pour renvoyer les couples. Une information difficile à vérifier fait état d'une connivence entre quelques éléments du personnel de cette structure et des chirurgiens qui pratiquent des césariennes. Le rabatteur perçoit une ristourne pour chaque malade dirigé ailleurs. L'information est confirmée par le fait que le nombre de césariennes pratiquées par les chirurgiens dépasse le bilan des gynécologues. La situation a pris des proportions alarmantes ces derniers jours. En plus des manques signalés plus haut, il y a ce conflit entre la direction et la section syndicale. Une opposition qui pénalise toute la structure. Les citoyens qui se rendent à cet établissement public n'ont pas à subir les erreurs ou les prétentions des autres. Le premier responsable de la wilaya est interpellé pour mettre un terme à l'anarchie qui domine à la maternité de l'hôpital Boudiaf.