Rabah Illoul est un artiste doué au crayon. Ce jeune du village Iguen Salem, dans la commune d'Iflissen, tout juste la trentaine, est peu bavard. Tenter de lui soustraire des propos qui ne se rapportent pas à son art est une vaine tentative. Rabah Illoul s'exprime par le dessin. À tel point qu'il « s'enferme » dans sa chambre, coupé du monde extérieur pour longtemps, afin de se préserver des influences négatives qui affecteraient ses tableaux. En parcourant la pile des feuilles de son classeur, on est particulièrement enchanté par la beauté et la diversité de ses thèmes. En effet, son imagination n'a point de frontières, dessinant à l'envi des paysages de chez nous et ceux d'ailleurs, des portraits divers, des scènes de la vie quotidienne, parfois des « caricatures » sur quelques fléaux sociaux notamment, et pour finir, on trouve des figures sportives etc. Il nous a appris que son don, puisqu'il n'a pas été à l'Ecole nationale des Beaux-arts, il le tient depuis qu'il a été à l'école primaire. Dès qu'il avait un temps libre, ou à l'absence de son institutrice, il profitait de griffonner des formes qu'il aimait retoucher et retoucher jusqu'à avoir une certaine « vie ». Ainsi donc, grâce aux encouragements de sa famille et de ses amis, il se consacre « exclusivement » au dessin. Puis vint la rencontre avec le fusain qui lui a permis d'améliorer sa technique davantage. Rabah Illoul nous informa qu'il s'est lancé dans la peinture à l'huile, mais avoua sa préférence pour le crayon quand-même. « En ce moment, les commandes des particuliers, que mon travail intéressent ne manquent pas », nous a-t-il assuré. Lui évoquant la possibilité de participer aux différentes manifestations culturelles si elles venaient à avoir lieu, l'artiste nous rétorque qu' « hormis une exposition à la maison de la culture de Tizi Ouzou », ce genre de rendez-vous ne l'intéresse pas. Non pas qu'il se prenne pour une star, mais c'est juste une question de mentalité. « Ici, les gens, viennent voir et repartent sans aucune question, aucun commentaire sur quoi que ce soit », se désole-t-il. Avant de nous donner congé, pour reprendre ses crayons, il nous montra un tableau sur lequel il est à l'œuvre : une sorte d'incompatibilité de cohabitation pour deux cultures (l'une occidentale, l'autre africaine) dans notre environnement. Toute une philosophie ! Dont on ne soupçonne pas la portée. Lui, en tout cas, croit que nous devons préserver notre culture, avant qu'elle ne se dilue et disparaisse dans notre vie quotidienne.