Plus Indie que jamais. La rentrée musicale est rock, elle est même toute en volutes. L'album de Rachid Taha Tékitoi est l'événement de cette rentrée. La page raï est définitivement (on l'espère) tournée. Retour au rock. L'ancien enfant de Carte de Séjour revient en force et en finesse. Titre prophétique, l'album s'ouvre sur un duo avec Christian Olivier des Têtes raides. Tékitoi fera un malheur, sans aucun doute, car festive et lancinante. Bonne nouvelle : Rachid Taha a choisi son camp, le rock. Personne n'a réussi aussi bien que lui à orientaliser cette musique rebelle en introduisant des violons et la mandole. Jamais la langue arabe n'a accompagné avec autant de bonheur le rock. Il faut remonter jusqu'à l'album Olé Olé pour retrouver toute la verve et l'inspiration de Tékitoi. Toujours assisté par son vieux complice Steve Hillage, leur collaboration remonte à près de 20 ans, Rachid Taha s'est fait plaisir. Un saut sans parachute. Rock et engagement Autre originalité de cet album, l'écriture à coups de slogans est assez limpide. Sur un air bédouin, Hasbu-hum (demandez-leur des comptes), aux accents chauds et entraînants, est une charge contre les pouvoirs qui se sont succédé à El Mouradia. «Là, j'éructe plus que je ne chante, j'ai capté les mots dans les manifs en Algérie. C'est ma façon à moi de secouer cette léthargie, j'ai la haine de ces haineux.» Safi, pur «c'est comme un édito bazzoka. Il faut dire leur fait aux gouvernants, c'est trop facile de mettre tout sur le dos de l'Occident… et des barbus», explique le révolté du rock français qui se dit prêt à chanter ses titres dénonciateurs à Alger, s'il est invité. A bon entendeur… Les puristes vont hurler de joie ou de colère pour la reprise ambitieuse Rock The Casbah des Clash. La mayonnaise a pris, le résultat est inattendu. Le blasphémateur a su épicer la sauce à son goût. Tout l'album rappelle l'exubérance artistique paki londonienne. A écouter au plus vite.
