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Ils ont lutté contre le colonialisme au sein même de l'armée française
Publié dans El Watan le 11 - 11 - 2004

Nous étions quelques-uns, parmi les appelés et les rappelés, à agir pour la paix en Algérie, mais nous n'étions que quelques-uns, il faut bien le dire.
Les anticolonialistes avaient été très clairsemés. En outre, certains d'entre eux se faisaient très discrets. Mais «la foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère» ? Je crois donc qu'il est juste et utile de rappeler l'action de ces soldats «qui voyaient plus haut que l'horizon» quand d'autres ressemblaient à des «compte-loches», avançant lentement, les yeux rivés au sol. Ma parole est celle d'un «ancien combattant» contre la guerre d'Algérie. Mon témoignage est rare puisque, en effet, rares étaient ceux qui agissaient vraiment. Certes, les archives et les documents ont une importance capitale en matière de recherches historiques, mais ils ne sauraient restituer la réalité dans sa plénitude. C'est pourquoi il est essentiel de recueillir la mémoire vivante avant qu'elle ne s'éteigne. Et il est temps, je le répète, de parler de ceux qui ont assez de lucidité, d'humanité et de cran pour, à contre-courant, s'opposer à cette guerre coloniale criminelle et absurde. Je dois avouer à ce sujet que j'ai eu la chance de rencontrer de tels hommes de 20 ans ou un peu plus pendant mon service militaire, de novembre 1956 à février 1959. Je cite quelques-uns d'entre eux dans mon livre Rebelle, dans les djebels. Ces grands témoins ont lutté au nom de la France des droits de l'homme et de la République.
Je voudrais cependant préciser que l'immense majorité des appelés que j'ai personnellement côtoyés ne rêvait ni de gloire ni de décorations, mais de «la quille». Ce n'était pas «sus aux fellaghas !», mais «la quille, bordel !». Ce n'était pas «la République nous appelle, sachons vaincre ou sachons périr» comme dans le chant du départ, parce qu'ils n'avaient pas le sentiment profond de défendre, là-bas, la France et la République.
les actions que nous avons menées ?
– A Reutlingen (Allemagne) : Inscriptions «Paix en Algérie !», avec J.-P. Klein et Noël Penmarch, sur les portes des bureaux des officiers.
– A Châlons-sur-Marne : Avec Claude Despretz et Michel Drous, notamment, inscriptions «Paix en Algérie !» et «Négociation !» ; distribution de tracts (tout cela à l'intérieur de la caserne) ; multiples débats dans les chambrées ; inscriptions également sur les murs de la ville ; dénonciation de la torture ; soutien à Djamila Bouhired, etc.
Claude Despretz, quant à lui, a refusé d'aller en Algérie combattre «un peuple en lutte pour sa
liberté», comme l'avait déjà fait Alban Liechti, et comme une quarantaine d'autres allaient le faire ensuite. Ils étaient tous membres du PCF ou du Mouvement de la jeunesse communiste. On les appelle «les soldats du refus».
Ces refus publics ont eu nécessairement une portée particulière dans l'opinion publique. Claude Despretz en parle dans une contribution au livre L'Algérie, nous y étions, préfacé par l'ARAC.
– A El Kouif (Algérie) : Affichage de Secteur postal Algérie, édité par les communistes français ; destruction de tracts de propagande du pouvoir et de l'armée ; opposition au putsch du 13 mai 1958.
C'est à El Kouif que j'ai milité avec Gérard Vallée, auteur du livre Les Petites Bêtes rouges.
Toutes ces actions étaient comme des graines d'esprit critique qui généraient dans certains cerveaux plus ou moins contaminés ou anesthésiés par la propagande officielle et l'idéologie dominante, véhiculée par la presse, l'école et l'Eglise.
De toute façon, j'estime que tous ceux qui ont lutté contre le colonialisme avaient raison, quelle que soit la voie qu'ils ont empruntée : ceux dont je viens de parler, mais aussi les membres des réseaux d'aide au FLN, les déserteurs, les militants civils qui ont affiché, distribué des tracts, participé à des réunions.
Chaque action avait son utilité
Faut-il rappeler que les gouvernants français martelaient : «L'Algérie, c'est la France
Il en était ainsi de, Guy Mollet, François Mitterrand, de Gaulle, pour ne citer que ceux-là. Il s'agissait d'un véritable matraquage, au sens propre et au sens figuré, médiatique et corporel. Mais le rêve fou d'une «France de Dunkerque à Tamanrasset» allait être emporté par le grand vent de l'histoire.
Si nous-mêmes, soldats anticolonialistes, nous pensions autrement, c'est parce que, avant notre service militaire, nous étions déjà des militants anticolonialistes et antiracistes. Nous avions milité activement pour la paix au Vietnam, puis pour la paix en Algérie. Personnellement, j'étais membre du PCF depuis 1951.
En quelque sorte, notre cerveau était immunisé. La propagande officielle n'avait aucune prise sur moi. Comme l'a écrit Cervantès : «Nul n'est jamais esclave, pourvu qu'il garde l'esprit libre et qu'il reste fidèle à son idéal.» Comment ne pas voir que l'esclavagisme, le colonialisme, le néocolonialisme des grands pays capitalistes, les grandes injustices ne pouvaient et ne peuvent que donner libre cours aux grands maux de la terre. Le colonialisme, en particulier, indissociable du racisme, est un mauvais génie.
Les guerres coloniales, les exactions et la torture en ont été les terribles rejetons. A cet égard, je pense que personne ne peut se dégager totalement de sa responsabilité personnelle, même s'il est sous les ordres ou sous l'emprise d'un système, fût-il totalitaire, comme c'était le cas de l'armée française en Algérie. Car «si l'on ne peut pas toujours empêcher les oiseaux noirs de voler au-dessus de nos têtes, on peut les empêcher d'y faire leur nid». Malheureusement, les oiseaux noirs des ultras et de l'extrême droite avaient réussi à faire leur nid dans beaucoup de têtes, ce qui a été dramatique, d'abord pour l'Algérie, y compris ses habitants d'origine européenne, mais aussi pour la France.


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