Identifiés comme étant les principaux meneurs des émeutes qui ont duré de 16h jusque tard dans la nuit, 23 d'entre eux, dont des repris de justice surpris en possession d'armes blanches, ont été présentés et placés sous mandat de dépôt jeudi dernier par le procureur de la République près le tribunal d'El Hadjar. Ils comparaîtront à la barre des accusés du même tribunal lundi 29 novembre pour y répondre de : troubles à l'ordre public et attroupements non autorisés, destruction des biens d'autrui et ports d'armes prohibées. Avec plusieurs centaines d'autres de leur âge et moins, ces 23 jeunes avaient pris possession de la voie publique dès 16h. Après avoir dressé des barrages composés d'objets hétéroclites et ordonné aux automobilistes et conducteurs d'autobus de rebrousser chemin sous peine de voir leur bien incendié, ils ont tenté de prendre d'assaut le siège de l'APC. Au moment de leur passage devant la résidence des cadres dirigeants indiens d'Ispat, les émeutiers ont menacé les gardiens. C'est à partir de là que les éléments de la brigade d'intervention rapide de la Gendarmerie nationale, en position dès le début du mouvement, sont entrés en action. Selon des témoins oculaires, les émeutiers, apparemment surexcités, étaient armés de couteaux et de pioches. Ils auraient lancé des projectiles sur les gendarmes qui ont fait usage de bombes lacrymogènes pour les disperser. D'autres sources affirment que la colère des jeunes a été attisée par la rumeur de l'existence d'une liste de 55 jeunes qu'Ispat aurait convoqués et fait subir le test d'aptitude. Cette liste aurait été établie par les élus de l'APC saisie par l'ANEM. Les élus auraient avantagé leurs proches et relations. «L'ANEM a appliqué à la lettre la procédure induite par la circulaire du chef du gouvernement dans tous les appels à recrutement émis par les employeurs, dont Ispat. Nous n'avons rien à voir dans ce qui s'est passé à Sidi Amar», a indiqué M. Amesrar, premierr responsable de l'inspection régionale du travail à Annaba. Par la voix d'un des leurs qui a requis l'anonymat, cette émeute n'est rien d'autre qu'une manipulation de certains qui auraient des comptes à régler avec le président de l'APC. «Nous n'avons fait que transmettre les convocations transmises par l'ANEM. La procédure, telle que définie par le chef du gouvernement et par le wali, a été respectée à la lettre tant par les dirigeants de la société Ispat, l'ANEM que par notre APC», a précisé notre interlocuteur. La nouvelle de ces émeutes a dépassé les frontières de la wilaya pour atteindre la commune de Dréan (El Tarf) limitrophe à El Hadjar et celle, éloignée de plus de 250 km, de Ouenza, dans la wilaya de Tébessa. Le jeudi, lendemain des émeutes, notre rédaction a été assaillie par des appels téléphoniques de jeunes de ces deux localités. Si les premiers menacent de fermer la voie ferroviaire de transport de minerai destiné à Ispat, les seconds ont affirmé qu'ils empêcheraient toute extraction du même minerai au cas où le recrutement serait limité à la seule commune de Sidi Amar. «Tout Algérien de n'importe quelle région d'Algérie a le droit au travail. Maintenant s'il faut provoquer des émeutes pour être entendus, nous en ferons. Le chef du gouvernement n'a qu'à réviser sa copie sur la question du recrutement», a indiqué un de nos interlocuteurs habitant à Dréan.