Les traces des affrontements entre les jeunes du Groupe Taine et ceux de la Carrière Jaubert ne sont plus visibles depuis trois jours. « Les barreaux arrachés ont été vite ressoudés et les enseignes qui se trouvaient à l'intersection du Triolet remises, tout aussi vite, à leur place », assure un résidant du boulevard Lotfi, pris à partie par des émeutiers alors qu'il se trouvait dans sa voiture. Les affrontements de la semaine dernière ont laissé place aux rumeurs de « jeunes tabassés par les CRS et laissés pour morts », mais surtout aux interrogations sur les raisons de cette révolte de trois jours. Des jeunes de Beau Fraisier, du Groupe Taine et de Climat de France auraient interdit l'accès d'un terrain de jeu à d'autres de La Carrière Jaubert, mercredi dernier. « Remontés, ces jeunes ont voulu rendre la pareille en leur interdisant l'accès au terrain de jeu de Triolet », explique Youcef, un résidant de La Baseta.Dans la nuit de mardi à mercredi, des groupes venus de La Carrière Jaubert ont déboulé des hauteurs de Diar El Kef, cagoulés et armés de haches et de fumigènes, déterminés à en découdre avec leurs rivaux du Groupe Taine, situé en contrebas du boulevard Lotfi. S'ensuivront alors des affrontements entre ces bandes qui ont battu le rappel de leurs copains des autres quartiers. Ce qui a intriguer les riverains, ce sont ces policiers « qui ne faisaient rien pour disperser cette foule furieuse qui s'attaquait aux automobilistes, alors qu'ils ont installé à cet endroit un barrage fixe et même une caméra de surveillance ». Durant les premiers jours des affrontements, la présence policière était discrète et ce n'est que vendredi que des CRS sont entrés en scène, tentant de séparer les jeunes qui les ont pris à partie. Les autorités avaient réuni auparavant les « notables » mais sans résultat. Des rumeurs parlent d'un jeune qui serait décédé. L'information a vite été démentie par une source de l'APC de Bab El Oued contactée par El Watan. « Les CRS ont, certes, tabassé quatre jeunes, laissant l'un d'eux pour mort. Les riverains ont demandé aux policiers de ne plus tabasser aussi sauvagement des jeunes sous leurs regards ahuris », indique notre source. Plus aucune réaction des autorités de la wilaya déléguée au lendemain des affrontements. Seul le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, s'est exprimé, affirmant que les incidents sont des échauffourées entre jeunes des quartiers de Triolet et de Diar El Kef, à propos d'un terrain de football. « Ces affrontements ne sont pas liés à des objectifs politiques », a-t-il insisté (voir El Watan du 15 février). Selon une source judiciaire, une dizaine de jeunes ont été arrêtés et présentés hier au juge pour atteinte à l'ordre public et attroupement illégal. Le président de l'APC de Bab El Oued, M. Kettou, qui a essayé de raisonner les jeunes, assure qu'il ne peut pas s'exprimer sur ces incidents. « C'est au wali délégué de Bab El Oued de le faire », insiste-t-il. Mais du côté de la wilaya déléguée, c'est le silence radio.