Ils ne revendiquent pas un statut particulier ni la révision du régime indemnitaire, encore moins un salaire, mais tout simplement un allégement du programme scolaire. Les élèves de terminale des lycées d'Alger-Centre et des régions limitrophes ont emboîté le pas aux syndicats autonomes en décidant de déclencher un mouvement de grève illimitée. Un débrayage qui risque de perturber sérieusement le déroulement des cours si la tutelle n'intervient pas en donnant plus d'assurance aux grévistes, qui ont pris le soin d'appeler hier leurs camarades des autres wilayas à se joindre à leur action. Que ce soit les élèves du lycée Saïd Touati de Bab El Oued ou ceux de Baba Aroudj de Hussein Dey, tous interpellent le ministre de l'Education, M. Benbouzid, pour qu'il révise sa feuille de route en matière de surcharge des programmes et de volume horaire. Certes, le ministre s'est prononcé sur le sujet, mais en sommant les enseignants et les directeurs des établissements de parachever les programmes au niveau national et dans tous les cycles avant la date limite du 15 mai, et ce, en vue de permettre aux élèves des classes d'examen de bien réviser pour se préparer à passer les épreuves dans de meilleures conditions. Cette démarche n'a pas été du goût des élèves qui réfutent le système de « bâclage » des cours dans le but de plaire au chef. « Nous n'arrivons pas à suivre les cours ni à les assimiler parce que les enseignants ont été sommés de finir le programme dans un délai précis et par conséquent ils sont en train d'accélérer sans se soucier de l'élève », soutiennent les lycéens, qui déplorent la charge importante de leur emploi du temps, ce qui ne leur permet pas de réviser convenablement leurs leçons et de faire leurs devoirs. « Nous sommes persuadés que nous n'allons pas finir le programme avant le délai fixé et nous ne comprenons pas pourquoi le ministère a décidé d'opérer des changements tardivement, c'est-à-dire ce mois-ci », explique un autre élève. En somme, les grévistes revendiquent la limitation du programme par le ministère pour le rendre plus souple et leur offrir par là même la possibilité de consacrer leur énergie aux cours dispensés durant l'année. Les élèves remettent également en cause l'emploi du temps et la répartition des horaires. Ils expliquent que leurs enseignants ont même exploité les jours fériés et les week-ends pour leur prodiguer des cours afin d'être au niveau, en vain. Ces élèves sont presque certains qu'ils sont victimes de la réforme du système éducatif. « Nous refusons d'être des cobayes. Il existe des filières où nous sommes obligés de préparer plusieurs épreuves. Nous demandons aux concernés de supprimer quelques chapitres de moindre importance dans certaines matières, cela nous soulagera », a suggéré un élève. Pour rappel, en 2008 à la même période, les lycéens ont non seulement déclenché une grève illimitée mais ont improvisé des marches à l'échelle nationale pour revendiquer l'allégement des cours. Leur mouvement allait prendre une autre tournure si ce n'était l'intervention des pouvoirs publics, qui ont mis en place un arrêté ministériel. Les lycéens ne comptent pas suspendre leur mouvement de grève si le ministère n'approuve pas leur revendication. Ils menacent même de radicaliser le mouvement. Par ailleurs, le département de M. Benbouzid accuse certains syndicats d'être à l'origine de ce mouvement et d'avoir manipulé les élèves. « Il y a des enseignants qui font de la politique. Nous avons invité tous les syndicats à nous soumettre leurs problèmes, certains ont répondu à l'invitation, d'autres l'ont refusée. Je suis un ministre qui gère la rationalité et non pas le nihilisme et ce sont ces syndicats qui tentent de déstabiliser l'école », a accusé M. Benbouzid. Ces faits ont été démentis par les élèves, qui estiment être en mesure d'engager une action pour se faire entendre et pour arracher leurs droits.