Pour l'Algérie, il existe deux moyens de faire évacuer le gaz vers son marché naturel qui est l'Europe et la Méditerranée ainsi que vers d'autres marchés potentiels comme celui des Etats-Unis ou de l'Asie : les gazoducs par la voie sous-marine et le procédé de liquéfaction avec la construction d'usines de GNL et l'acquisition de méthaniers. Pour cela, elle dispose d'une grande expérience grâce à sa place de 3e exportateur mondial de gaz et 2e de GNL. L'expérience tirée de la construction de deux gazoducs qui relient à l'est, l'Algérie à l'Italie (en passant par la Tunisie) et à l'ouest, l'Algérie à l'Espagne (en passant par le Maroc), la construction d'usines de GNL depuis 1964 à Arzew et à Skikda (qui totalisaient 30 milliards de mètres cubes sous forme de GNL avant l'accident de janvier 2004 de Skikda qui a détruit trois trains soit un manque à gagner de 3 milliards de mètres cubes) et l'acquisition d'une flotte de méthaniers ont permis à Sonatrach de s'adapter assez rapidement aux changements intervenus dans le monde. Si le projet Galsi, le gazoduc qui doit relier l'Algérie à la Sardaigne semble marquer le pas, Medgaz qui doit relier la ville de Beni Saf sur la côte ouest algérienne à la ville d'Almeria devrait être fonctionnelle dès 2007 avec un premier délit de 4 milliards de mètres cubes par an et une capacité de 8 à 10 milliards de mètres cubes. De plus, Sonatrach est en train d'avancer sur son objectif de renforcer les capacités des deux gazoducs existants. Les capacités du GME (Algérie-Espagne) sont passées de 8,33 milliards de mètres cubes/an à 12 milliards de mètres cubes/an après la mise en service de la station de compression de Mecheria depuis février 2004. Grâce à cette nouvelle station, Sonatrach a pu remplacer le manque à gagner des trois unités de GNL détruites par l'accident du 19 janvier 2004 de Skikda. Le Transmed (Algérie-Italie) doit aussi voir ses capacités augmenter. Dans une première étape, elles vont passer de 24 à 27 milliards de mètres cubes. Dans ses projets, Sonatrach prévoit d'augmenter les capacités des deux gazoducs de 15 milliards de mètres cubes au total. Ce qui donnerait une capacité totale de 47 milliards de mètres cubes pour les deux. Pour la liquéfaction, en plus de l'unité de liquéfaction de 4 millions de tonnes par an prévue dans le projet de Gassi Touil, Sonatrach a lancé un avis d'appel pour une nouvelle unité à Skikda de 4 millions de tonnes/an pour remplacer les trois trains détruits par l'accident. Avec les deux nouvelles usines GNL de Gassi Touil (Arzew) et Skikda qui porteront les capacités de liquéfaction à environ plus de 37 milliards de mètres cubes, Sonatrach pourra disposer des capacités d'exportation de 85 milliards de mètres cubes d'ici 2010 et cela sans compter les deux gazoducs en projet. Cette stratégie s'accompagne d'une grande prospection pour prendre des parts sur les terminaux de regazéification dans plusieurs endroits du monde et d'une grande action d'acquisition de super-méthaniers pour les marchés lointains (USA et Asie principalement) et de méthaniers moyens pour les marchés proches comme celui de la Méditerranée. Un contrat a déjà été signé au mois d'octobre 2004 pour l'acquisition d'un méthanier de 75 500 mètres cubes et une option pour un second de même capacité. Durant le deuxième semestre 2004, Sonatrach a réceptionné deux super-méthaniers. Le Berge d'Arzew au mois de juillet (138 000 m3) et le Lalla Fatma n'Soummer en octobre (145 000 m3). Ce qui a porté les capacités de transport de la flotte à environ un million de mètres cubes. Ces projets et acquisition permettront à Sonatrach de renforcer sa place sur son marché naturel et d'ouvrir de nouvelles routes pour son gaz au moment où la globalisation annonce une rude concurrence.